Lena ✘ trahison, disgrâce, l'esprit du mal est marqué sur sa face

Au jeu des apparences elle est la Reine, la victorieuse. Avec son visage de poupée, on lui donnerait les Dieux sans confession. Qui peut imaginer la noirceur de son coeur lorsqu'on croise le chemin de cette divine créature aux traits si délicats, au maintien si élégant, à la grâce si merveilleuse ? L'incarnation même de l'innocence et pourtant la réincarnation ultime de la tromperie. La toge ne fait pas la déesse. Ne vous fiez pas à ses regards enjôleurs, à ses sourires factices, à ses paroles hypocrites, à ses gestes artificiels. Mystificatrice. Les seuls qui peuvent voir clair à travers son jeu se comptent sur les doigts de la main, et ne sont pas forcément ceux qu'on pourrait croire. Les autres se font assurément mener en bateau. Elle en rit, elle en jouit, elle qui trouve un plaisir indicible à manipuler les existences qui gravitent autour de la sienne. Elle est ainsi, elle ne peut s'en empêcher. Elle ne se sent bien que lorsque les choses vont mal, elle ne sourit que dans le noir, elle n'est heureuse que lorsqu'il pleut bien qu'elle joue aussi avec les éclaircies, entretenant une ambiguïté de façade pour mieux faire illusion. On la trouvera radieuse, drôle, enjouée. On la décrira comme une amie fidèle, une précieuse alliée. Un masque dans lequel elle aime parfois se perdre car il est d'une simplicité déconcertante, tentante, trompeuse. Mais l'ombre n'est jamais loin de la lumière et la limite entre les deux si aisément franchie. Une balance penchant d'un côté ou de l'autre, suivant l'humeur, l'influence, les événements car tout a toujours été subordonné à ses envies, son bon vouloir. Un dénominateur commun. Chacun de ses actes est régi par ce même objectif: sa personne avant les autres. Un des fondamentaux de la vie, une des règles du jeu, et elle s'y tient en toutes circonstances. Le désintéressement ne l'intéresse pas. Si elle sait qu'elle perdra à terme, elle préfère toutefois limiter les dégâts autant que faire se peut. Lorsqu'elle se retrouvera devant le jugement dernier, nul ne pourra l'accompagner. Seule avec son esprit, c'est bien suffisant, et son coeur solitaire n'en réclame guère plus. Seul son corps est demandeur, avide, exigeant. Les Dieux lui ont donné la beauté, aussi compte-t-elle bien profiter de ce cadeau béni pour satisfaire ses appétits. Sa magnétisme attire, ses regards envoûtent et les mots qu'elle murmure au creux de l'oreille écartent la raison. Accro à cette sensation exquise lorsqu'elle parvient à ses fins, elle jubile de voir sa proie céder à sa volonté. Elle est en amour comme en affaires, elle joue, elle affronte, elle vainc. Conquérante aux deux facettes: l'indifférence, sincère, profonde, et l'envie de plaire, paradoxale, indéniable. Mais l'apparence est surtout affaire de flatterie, de son ego si sollicité qui est travaillé depuis sa plus tendre enfance par cet héritage qu'elle revendique haut et fort. La fierté de ses ancêtres qui s'est transmise aussi sûrement que son patrimoine génétique spécifique, et il lui faut être à la hauteur, elle qui ne tolère que le meilleur. L'exigence, légitime ou non, et le refus des deuxièmes chances, la réussite au premier jet, car la perfection doit porter son nom. Mais elle en est loin, très loin, trop loin. Elle croit voir la fin du tunnel mais ce n'est qu'illusion. Des spots de lumière ça et là qui ne peuvent écarter les ténèbres bien longtemps. Emprisonnée dans un cercle, une ronde à l'infinie, elle ne peut s'échapper car c'est qu'elle est. Vice.