dog boy, keep the underworld ~ Lorcan

On dit qu'on voit sa vie défiler sous les yeux quand la Mort pose sa faux à nos pieds. Toi, qu'est-ce tu verrais ? Des ruelles pavées. La pluie qui se mêle à ses larmes. Ses bras qui te serrent fort, trop fort. Un peu d'amour. Beaucoup de colère. Des gémissements dérangeants. Des cris parfois. Un quotidien mécanique, chronométré. Pleurs, sexe, argent, pleurs encore. Quand elle est partie tu t'es retrouvé tout seul. L'amour s'est envolé, pas la colère. Elle t'a animé pendant des années, c'est grâce à elle que tu t'en es sorti. T'entends sa petite voix enfantine, innocente, emprunte d'un passé douloureux mais pas dépourvu de quelques instants de bonheur. Sa voix, elle te supplie. Ne fais pas ça, il n'est pas trop tard. Tu l'entends, mais tu ne l'écoutes pas. Dans ton esprit c'est des torrents de sang. Des litres et des litres. Il s'échappe par tous les pores. C'est l'autre. L'autre voix. Celle qui te pousse au vice. Fais-le, c'est ce que tu es, tu ne peux pas lutter. C'est elle que tu suis le plus souvent. Parce que c'est plus facile. T'es pas un connard, t'es un monstre. Maitre du pandémonium où tu les regardes brûler. Tu les hais. T'aimerais t'arracher le cœur et les yeux quand tu revis leurs méfaits. Tu clignes des paupières pour te retrouver à l'instant présent. A l'intérieur, tu hurles. Impuissance face au malheur d'autrui. Être tourmenté, torturé, écartelé. Tu peux revenir en arrière. Tu peux tout arrêter et rentrer. L'enfant, il te fait sourire parfois. Parce qu'il te rappelle ce que tu aurais pu devenir. Celui que tu ne deviendras jamais. Les deux têtes se battent, leurs déchirements répercutent sur ton esprit, les éclaboussures salissent ton âme. On dit qu'on voit sa vie défiler sous les yeux avant de mourir. Lui, tu sais ce qu'il voit. Une enfant abusée, anéantie par son toucher brûlant qui a réduit en cendre chaque parcelle de qui elle est. Des pleurs, toujours des pleurs. Tes mains se resserrent sur la batte. Regarde ce qu'il a fait ! Regarde ce qu'il lui a fait ! Tu ne peux pas laisser ça impuni. Il mérite de mourir ! Il a raison. Ce toi meurtrier, psychopathe. Tu la vois à travers son crime. Tu ne la connaissais pas encore. Tu n'as pas pu la protéger. Tout comme tu n'as pas pu protéger ta mère. Tu la vois souffrir, mais tu ne peux rien faire. Si ce n'est lui apporter la vengeance sur un plateau d'argent. Le médecin est au sol, ses mains levées contre son visage pour se protéger. Tu sens sa peur, elle émane partout autour de lui. Lorcan … L'enfant. L'ange aux ailes arrachées. LORCAN ! Le monstre. Ton démon. Tu lèves tes bras, fend les airs d'un geste vif, puis tu abats l'arme contre lui dans une force inouï Ses lunettes se brisent contre le sol en plusieurs petits morceaux. Ses cris nourrissent ta haine. Tu abats à nouveau la batte contre ta victime. Violemment. Toujours plus enragé. Inlassablement. Jusqu'à ce que sa vie défile sous ses yeux. Qu'il la voit une dernière fois, avant de mourir. Que son image s’imprègne dans ses rétines. Despina. C'est pour elle ...