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 (LETHALE) I don't want to die, I sometimes wish I'd never been born at all

but those names will never die
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Sybil

Sybil "Opale" Hécatys
À te tuer mille fois avant de te laisser vivre.
DEBUT DE TON ODYSSEE : 13/10/2016
PARCHEMINS : 40
INCARNATION : emily browning.
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Mer 26 Oct - 21:40

Le ciel de ce mois d'octobre est noir, chargé de nuages. Les oiseaux volent bas, semblant étre aussi lourds que mon cœur. Un orage s'annonce à l'horizon, de quoi enfermer les familles d’Athènes chez elles pendant pas mal de temps. Le ciel à la bonté de pleurer pour moi depuis ce matin. Sur le sol trempé d'eau de pluie, mes bottes éclaboussent les passant tandis que je ferme boutique dés lors que je n'ai plus de commandes. Rapidement, utilisant mon manteau pour me cacher de la pluie, je monte dans ma voiture et pars rejoindre Létha, ne pouvant encaisser une seconde de plus l'idée qu'elle soit seule chez son pére à se morfondre en m'attendant. Je la sais forte, mais je sais aussi que les souvenirs blessent bien plus qu'on veuille le croire. Pour tenter de soulager mon anxiété, je prends un morceau de la plaquette de chocolat que je laisse dans ma boite à gants en cas d’extrême urgence. Le cas d'aujourd'hui voudrait d'ailleurs que je mange toute la tablette.

Sur la route, je me laisse emporter par mes pensées. J'en viens alors à conclure que je crois en l’existence de quelque chose de plus fort que nous, qui dirige le cours de choses. Pourtant, je ne suis pas une grande croyante. Je pense que la chose en question est différente des affaires des religions, et qu’elle touche tout le monde, chacun d’entre nous. A ce que je sais, les Grecs de l’antiquité appelaient ça : « les Moires ». Tandis que les Romains nommaient ce phénomène : « les Parques » ; dans les deux cas, ce sont les divinités maîtresses de la destinée humaine, et d’après moi elles n’ont rien à voir avec les dieux ; évidement, elles sont au même niveau hiérarchique qu’eux, mais disons que leur job est différent, car il est quand même dit que toutes les autres divinités leurs étaient soumises. On pourrait également parler de « Karma », chose qui désigne les actes (bons ou mauvais) qu'un individu a fait, est en train de faire ou fera, et qui a ou aura, des conséquences sur sa vie. Pour résumer : La loi de cause à effet, ou « l’effet papillon ». Je me demande quand même ce que j’ai bien pu faire dans cette vie ou dans une autre, pour mériter ce qui arrive. Voilà comment je vois les choses : il y a des choses qui ne peuvent pas être le coup du hasard. C’est trop énorme, trop gros, trop exagéré pour simplement être un aléa de la vie. J'ai déjà perdu mes parents, et aujourd'hui je perd à nouveau un père. Je ne m'autorise même pas à penser à Létha, que j'ai déjà perdu une fois, et que j'ai peur de perdre encore; sauf que cette fois là je ne pourrais pas la ramener des enfer, et aucune magie ne pourra rien y changer.

C'est alors la sensation barbare d'une peur jusque là inavouée, que je me refuse, mais qui est là, grandissante, à mesure que je tente de l'enfouir sous des couches de pensées, qui s'empare de moi. La peur de la perde à nouveau, elle, tout ce qui me reste de ce que ma vie d'avant, la vie de Sybil, à pu être. Elle me prend au corps, fait trembler mes mains posées sur le volant. Je serre alors un peu plus le cuir arrondi dans ma paume. Le sapin anti-odeurs vert, accroché à mon rétroviseur se balance d'avant en arrière, tel une amulette agitée par ma nervosité. Je lui jette un regard furtif, lui intimant intérieurement de se calmer, me l'intimant par la même occasion. Le soleil glisse ses rayons à travers les nuages noirs et vient m'éblouir, traître, moi qui lui fais confiance, redoutant de plus en plus la nuit ces derniers temps. Baissant le pare-soleil, je me concentre d'avantage sur la route, connaissant pourtant par cœur le chemin.Le chocolat fini de fondre sur ma langue tandis que je me ronge les ongles à la chaire jusqu'à mon ancien quartier. Je passe également frénétiquement ma main dans mes cheveux, et encore, ça, c'est quand je ne tripote pas mon pendentif en forme de lune. Quand défilent enfin les premières maisons de ma rue, je suis d'avantage nerveuse. Ici, toutes les maisons et tous les immeubles se ressemblent. C'est un quartier populaire comme disait ma mère, les gens n'ont pas de quoi s'offrir de l'originalité. Je leur trouve quand même quelque chose d'intéressant à ses petites maisons sur deux étages, avec leur perron en bois et leurs fenêtres sans volets. Elles sont chaleureuses, et donnent une impression de calme. Pourtant, c'est tout sauf le calme qui règne dans ces maisons et ces appartements. Je sais de quoi je parle.

En m’arrêtant, je met quelques minutes avant de descendre. Je suis submergée par les émotions, passant de la mélancolie aux larmes sans rien pouvoir contrôler ; c'est donc seulement une fois calmée que je me décide à entrer pour aller réconforter mon amie. Pas d'ailleurs besoin de toquer, la porte s'ouvre dés que je pose la main sur la poignée.

- Létha, c'est Opale, où tu es ?

Pour toute réponse, j'ai droit à un geste de main flou et à une reniflement.  Mon cœur se serre alors mais je m'empresse de chasser cette émotion. Je dois paraître forte pour ma petite sœur. Le silence étant bien trop pesant entre les murs de la petite maison, je prend l’initiative de mettre Bohemian Rasphody sur le vieux tourne disque de Tiago. La voix de Queen commence donc à résonner dans la pièce, les supplications de sa voix, se mêlant aux plaintes de nos âmes profondément meurtries et endeuillée. Si les paroles ne se prêtent peut-être pas forcement à l'événement, ses complaintes font au moins écho aux nôtres : « Je ne veux pas mourir, je rêve parfois de n'être jamais venu au monde... ».  Ah mon dieu, si seulement. Quelle vie. Du coin de l’œil, j'observe Létha, assise sur le canapé contenant encore l'odeur de l’après rasage de son père, les genoux repliées contre sa poitrine, les yeux dans le vide. Je viens m’asseoir à côté d'elle, et instinctivement, comme si c'était le geste le plus naturel au monde, je la prends dans mes bras.


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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Jeu 27 Oct - 22:41
I don't want to die, I sometimes wish I'd never been born at all.
Letha & Opale
Lili, you know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. You see it's not the wings that make the angel, just have to move the bats out of your head.

J'étais finalement revenue ici un peu plus tôt que prévu. C'était plus fort que moi, c'était comme si je répondais à un appel que je ne pouvais pas ignorer. Le temps de me dire que c'était probablement une très mauvaise idée et il était déjà trop tard, j'étais retournée dans la maison qui m'avait vue grandir. Comme d'habitude, j'avais posé mes affaires sur la table de la cuisine, et j'étais restée debout, le regard fixé sur la chaise où mon père s'asseyait tout le temps. Il n'avait jamais vraiment décrété que cette place, c'était la sienne, il s'asseyait juste là et personne n'avait trouvé quoi que ce soit à y redire. Moi, je m'installais à côté, et ma mère était en face. Pendant un temps, nous sommes restés tous les trois autour de cette table, puis, elle a fini par partir. Pour moi, cela ne faisait aucune différence, je ne me souvenais plus, j'avais tout oublié. Tout ce que je savais, on me l'avait raconté, on avait pris soin de me le décrire, comme si cela allait suffire pour déclencher une réminiscence. Seulement, le souvenir était incomplet, il manquait quelque chose d'essentiel : l'affect, l'émotion particulière qui était rattachée à ces bribes de mémoires fuyardes. J'avais beau connaître les grandes lignes de ma vie, savoir ce que j'avais fait à quel moment, il me manquait le ressenti, comment j'avais vécu les choses de l'intérieur. Les souvenirs étaient précieux car ils rappelaient un moment heureux, ou triste. La nostalgie, la mélancolie, je ne savais pas ce que c'était. À tout bien réfléchir, je ne savais même plus ce que c'était de ressentir quelque chose. La Letha qu'ils connaissaient est morte il y a deux ans, dans ce lit d'hôpital. La Letha qu'ils connaissaient riait, chantait, dansait, mais elle était maladivement timide, pas du genre à vouloir se retrouver sous les feux des projecteurs. Peut-être ai-je même ressenti un peu de tendresse un jour, peut-être que j'avais été heureuse malgré l'absence toujours plus pesante de ma mère. C'était cette fille là dont ils voulaient que je me souvienne, qu'ils espéraient retrouver mais c'était impossible. Je n'étais plus cette personne là. J'avais changé, pas forcément en bien. Je m'étais endurcie, j'avais appris à enterrer ce qui faisait de moi une humaine. Je n'avais plus que la colère pour me maintenir en vie. Parfois, je me demandais pourquoi je me souvenais de cette émotion là, alors qu'elle n'était rattachée à aucun événement en particulier. Peut-être était-ce la dernière émotion que j'avais ressentie avant l'accident. Papa m'avait dit que j'étais en colère ce jour là, et qu'il l'avait été aussi parce que j'avais fait des bêtises. Je m'étais fâchée parce qu'il ne comprenait pas pourquoi j'avais la rage, pourquoi un profond sentiment d'injustice me consumait de l'intérieur. Quand on y réfléchissait bien, aujourd'hui, c'était tout ce qui me restait.

Retour à la réalité. J'étais toujours debout, dans la cuisine. Le nez en l'air, j'essayais de humer l'atmosphère, à la recherche de n'importe quel détail qui me rappellerait mon père. L'odeur de son eau de Cologne, celle des cigarettes qu'il fumait depuis toujours et que j'avais fini par lui piquer pour les fumer en cachette. Bien sûr, il n'en avait jamais rien su, je m'arrangeais toujours pour effacer les traces de mon méfait. Bon, d'accord, peut-être qu'il avait fini par s'apercevoir que certaines clopes avaient disparu du paquet, mais il les fumait les unes après les autres, alors, il ne faisait pas forcément attention. Si quelqu'un me faisait ne serait-ce qu'une remarque à ce sujet, il se ferait méchamment envoyer bouler. Ces cigarettes me rapprochaient de lui. Quand j'en grillais une, j'avais l'impression qu'il était là, avec moi. C'était ma madeleine de Proust, à défaut d'en avoir d'autres. Laissant mes affaires dans la cuisine, je finis par la quitter et me diriger clopin-clopant vers le salon. Tout était encore en ordre, comme s'il était parti la journée et qu'il allait revenir le soir venu. Comme une vieille habitude, je n'avais pas fermé la porte à clefs derrière moi. Nous ne verrouillions jamais la porte quand nous étions là, notre maison était toujours ouverte et tout le monde y entrait comme dans un moulin. Opale avait pris l'habitude de venir jouer et sa mère me gardait quand papa allait travailler. Cette époque semblait révolue, et j'étais furieuse de ne pas me souvenir. Alors, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour les retenir, mes larmes se mirent à rouler sur mes joues. C'était quand même un peu agaçant, je m'étais tellement endurcie au fil des années que je ne savais même plus ce que c'était, de pleurer. Je chassais mes larmes d'un revers de manche maladroit, avant de m'asseoir sur le canapé, ma jambe meurtrie incapable de me porter plus longtemps. Mes épaules s'affaissèrent, mon dos était douloureux, je peinais à rester droite. Je restai recroquevillée quelques instants, les yeux fermés, jusqu'à ce qu'une voix me parvint. Opale.

Je me redressai, légèrement hagarde, puis je lui fis signe de venir et en profitai pour m'essuyer les yeux discrètement. Mes cheveux cascadèrent, me dissimulant la moitié du visage. Mes joues d'ordinaire si blêmes étaient rougies et j'avais sans doute les yeux bouffis. Quel piètre tableau je renvoyais, j'avais vraiment perdu de ma superbe. Je levai la tête lorsqu'elle voulut mettre un peu de musique. Le vieux tourne-disque de papa...il écoutait des trucs qui n'étaient pas vraiment de notre génération, il avait une petite collection de vinyles à laquelle il accordait une grande valeur sentimentale. Je reconnus le morceau qui était en train de passer. Freddie Mercury n'était pas seulement chanteur, il avait aussi un immense talent d'acteur, il fallait voir la façon dont il vivait ses chansons. Je ne bougeai pas lorsque Opale vint s'asseoir à côté de moi. Je n'étais pas douée pour parler, m'exprimer. Alors, la plupart du temps, je choisissais la langueur du silence. Elle n'insista pas. Elle se contenta de me prendre sans ses bras. Je n'opposai aucune résistance, me blottissant contre celle que je considérais comme ma sœur. J'inspirai profondément, comme pour me donner du courage.

« Il m'arrive encore de me dire qu'il s'est tout simplement absenté, qu'il va rentrer après une longue journée de travail. » Ma voix ne trembla pas, tandis que je formulais ma pensée à voix haute. « Je sens encore sa présence, comme s'il était toujours là. »

Probablement que c'était le cas, qu'il était toujours là, parce qu'il avait fini par hanter les lieux. Je ne croyais pas vraiment aux fantômes, ni aux trucs surnaturels, mais ce n'était pas absurde de penser que la présence des défunts continuait à se faire ressentir longtemps après leur mort, surtout s'ils avaient habité les lieux pendant longtemps.

« Au moins il n'est pas tout seul. » murmurai-je, du bout des lèvres. « Je suis sûre que ta mère l'attendait et qu'ils sont partis ensemble, comme les choses sont censées être. » Quelque part, cette pensée me réconfortait. « Tu sais, ça m'arrive de penser que papa et ma mère n'étaient pas faits l'un pour l'autre, et que c'est à travers ta mère qu'il a trouvé son âme-soeur. »

Je ne savais même pas pourquoi je parlais de ça, je n'étais même pas sûre d'y croire moi-même et si toutefois j'y croyais, je pensais que c'était probablement mieux chez les autres et que ce n'était pas pour moi. Tiago était un homme bon et généreux, il était un père aimant et attentif, qui avait tout sacrifié pour mon bien-être. Il s'était occupé d'Opale comme si elle avait été sa fille, et auprès de sa mère, il aura au moins connu quelques années de bonheur. Pour des gens comme nous, c'était toujours ça de pris.
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Sybil

Sybil "Opale" Hécatys
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Ven 4 Nov - 21:15
- L’éternité est une bien jolie chose du point de vue de l'amour…

Je sais parfaitement ce qu'elle ressent, pour l'avoir jusqu'ici bien trop de fois vécu. Comme si les gens autour de moi étaient maudits, destinés à mourir avant de renaître sous mes doigts. Pour le meilleurs avec Létha, comme pour le pire avec ma mère. Je la serre un peu plus dans mes bras, sentant la peau humide de ses joues où les larmes ont bien trop coulé pour une si jeune personne. Qu'avons nous fait pour mériter ça ? Un flot de souvenir me revient, ceux de notre enfance, ceux de nos moments les plus doux, comme les plus douloureux.

    Ma tête est lourde, je sens Morphée m'entourer de ses bras et me bercer doucement. Appuyée tant bien que mal contre le lit d'hôpital de Létha, ma joue est cuisante d'être restée trop longtemps collé contre le métal froid du bord du lit. Je sens une main se poser sur moi, celle de Tiago, main paternelle et bienveillante de celui qui fut plus un père que le mien ne l'a jamais été. Au loin, sa chaleureuse et rassurante voix m'assure qu'il sera bientôt de retour aprés être allé se chercher un café. Je me sens hocher la tête et bailler un oui, ayant que mon cerveau embrumé ne soit à nouveau bercé par la respiration assistée qui aide Letha, par tous les petits bruits et bips qui nous confirme qu'elle est toujours bien des nôtres et par le ronronnement extérieur d'une femme qui passe l'aspirateur. Et c'est dans cette atmosphère étrangement douillette que le temps défile sans que mon esprit ne suivre. Je ne sais pas combien de temps je dors. Peut-être des heures, ou même seulement quelques minutes, mais c'est l'absence de bruit qui me réveil. Tout est calme, l'aspirateur à disparu, les petits bruits des machines de Létha sont faibles, bien trop lents, et la respiration assistée semble souffler dans le vide. Je me retourne, à la recherche de Tiago mais il semble ne pas être revenu, ou bien être repartit. La seule source de lumière dans la petite chambre est un mince filet traversant la porte entre ouverte venant du couloir des patients graves. Un hurlement résonne dans la chambre. Le cri d'une des machines. Supplication lente et stridente, comme si on l'affichait à ses racines. Il me faut du temps pour comprendre ce que cela signifie. La vie est entrain d'être arrachée à Letha par la mort, et l'engin qui indiquait son rythme cardiaque hurle pour elle.  Sans réfléchir aux conséquences de mes actes, je me précipite sur elle et attrape la peau nue de ses bras. Je sens alors une chaleur monter en moi puis passer dans mes mains et quitter mon corps. Doucement, mon pouls ralentis et celui de Letha reprends, lointain sous mes doigts. Mon énergie passe dans son corps. Je la réanime. Je lui donne de ma vie pour que son âme revienne habiter son corps. Je me dis que c'est une mauvaise idée, je pense à ce qui c'est passé la dernière fois que j'ai essayé sur une personne que j'aime et ce qui en a résulté. Ma mère. Je suis tentée de la lâchée, après tout  mon geste n'était pas tant volontaire ; mais si j'arrête maintenant et qu'elle ne revient qu'à moitié ? Que seule une infime étincelle de Letha lui revient et non pas toute l'entité qui fait d'elle ce qu'elle est ?


J'ai redonné une vie à ma sœur mais elle y a perdu sa mémoire. Elle y a perdu toute son enfance avec lui, avec moi, avec eux. Et maintenant, tout ce qui la raccrochait à son ancienne vie, à l’ancienne Létha, hormis moi, n'est plus. Je lève la tête et observe le petit salon autour de nous. Tout est encore là… même les souvenirs le sont encore. Me détachant de mon amie, je me lève et prétexte lui faire un chocolat pour aller fouiller dans un des placards du couloir, à la recherche des précieuses cassettes ayant enregistré ce qui à été, un jour, la plus belle des vies.
Dans l’atmosphère silencieuse et pesante du couloir, la petite boite en carton, pleine de poussière après les années, me fait l'effet d'une brise printanière. Je la serre doucement contre moi, protégée par la douce semi-obscurité du corridor. Revenant vers elle, je dépose le carton sur ses genoux.

- Avec ça et un chocolat chaud, je ne pourrais rien faire de mieux aujourd'hui, ma douce.
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Sam 5 Nov - 12:58
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Letha & Opale
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C'est vrai, Opale était tout ce qui me restait de mon ancienne vie. Elle était ce fil minuscule qui me reliait à mon passé, la détentrice de souvenirs que mon esprit avait effacés. Ne pas inclure ma mère était un choix délibéré. J'avais coupé les ponts avec elle, parce que je ne supportais plus de rester en sa présence parce qu'on ne s'était jamais comprises. Mona Kaligaris n'a jamais cherché à savoir qui j'étais, quels étaient mes goûts, mes passions, si je lui demandais, elle n'aurait sûrement pas d'anecdote à me raconter. Le seul souvenir que j'avais conservé d'elle, c'était l'image de cette femme qui m'avait brisé le cœur plus de fois qu'il était humainement possible. Cela n'avait fait qu'alimenter la rage sourde que j'éprouvais à son égard, malgré ses tentatives pour faire amende honorable. Cela avait été difficile, mais j'avais fini par me murer, par ne pas me laisser amadouer par sa repentance, car ça ne durait jamais. Elle finissait par s'étioler, par se disloquer, par ne plus être. Pour moi, elle n'existait plus. Pourtant, dans le fond, j'étais toujours cette petite fille qui pleurait après sa mère quand elle faisait un cauchemar et qui attendait, en vain, qu'elle vienne la rassurer. Ces deux versions de moi-même semblaient aux antipodes l'une de l'autre et pourtant...Il est vrai que, malgré mes presque vingt-deux ans, j'avais déjà vécu plusieurs vies. Il y avait un avant et un après. Avant, j'étais une athlète, une sportive de haut niveau, maintenant, je n'étais qu'une petite étudiante en histoire qui tentait tant bien que mal de décrocher un diplôme...pour quoi au juste ? Je ne le savais même pas. Je n'avais plus de rêves, plus d'ambitions, je me contentais de me laisser vivre, de survivre. Je n'étais ni heureuse, ni malheureuse, en fait, je crois bien que je n'en avais rien à faire. J'avais cessé de compter les jours, les années. J'avais perdu toute notion du temps. Je m'étais figée, comme prise au piège d'une boucle temporelle, sans réelle perspective d'évolution.

Je me serrai davantage contre mon aînée. Je n'avais pas l'habitude de me montrer si tactile, si affectueuse, c'était même plutôt le contraire. Blindée, bardée d'épines, je ne me laissais jamais approcher. Je pensais évidemment à mon père. Je pensais à la mère d'Opale, qui était en train de disparaître elle aussi. Bon sang, un de mes proches était en train de mourir et je ne m'en souvenais même pas, je ne ressentais rien, pas même une infime part de tristesse. Par contre, il y avait la culpabilité qui commençait à poindre, parce que je me sentais nulle de ne rien ressentir alors que cette femme avait beaucoup compté jadis...jadis, quand je me souvenais. Alors, je me mis à pleurer plus fort, parce que je ne savais pas comment gérer ça, comment étouffer ce flot d'émotions qui me chamboulait toute entière. Mon père...Il n'y a que de cela dont je me rappelais, parce qu'il avait été là. Avant, après, tout le temps. Bien sûr, je ne me souvenais pas de ce qu'il y avait avant. Par contre, je m'étais attachée à ce que j'avais eu le temps d'entrevoir, en deux ans de temps. Et bon dieu, ça faisait mal. Elle me parlait d'amour, d'éternité. C'était une bien jolie fable, nous étions d'accord là dessus. Ça n'était qu'un mythe, une illusion. L'amour n'avait rien d'éternel, tous finissaient par partir un jour, parce que nous n'étions que de simples mortels. L'amour était une faiblesse, quelque chose qui finissait par nous tuer à petit feu. Encore une fois, je souffrais de l'abandon des gens que j'osais aimer. Si j'avais su...si j'avais su, putain, sans nul doute m'en serais-je abstenue. Il a fallu que je perde la seule personne qui était restée, envers et contre tout.

« Je n'ai même pas eu le temps de lui dire au revoir. » hoquetai-je entre deux sanglots, nichée contre ma sœur. « Je...je me suis dit que j'allais passer le voir tantôt, mais...j'étais souvent occupée. J'avais toujours des cours à bosser pour la fac, des dissertations, des essais, je repoussais toujours ma visite et je me donnais bonne conscience parce que je travaillais dur pour m'en sortir. Je me suis dit que j'allais passer ce week-end, c'était même planifié, prévu, mais...ça n'arrivera jamais. »

Et j'étais désolée pour ça. Sincèrement désolée. Je n'avais pas l'habitude de ressentir des remords, ou des regrets. Je ne m'encombrais jamais de sentiments superflus. Je ne me laissais jamais l'occasion de ruminer, de pleurer sur mon sort. Je ne me plaignais pas. Je serrais les dents et j'avançais. Je faillis protester lorsqu'elle s'éloigna de moi, mais la promesse d'un chocolat chaud me rasséréna. Cela faisait bien longtemps que je n'en avais pas bu, me contentant généralement des cafés dégueulasses des distributeurs de la fac. Je réagis à peine lorsque Opale revint dans la pièce, avec un carton dans les bras. Je me figeai lorsqu'elle déposa le carton sur mes genoux. Je savais parfaitement ce que c'était, et rien que l'idée me pétrifiait. Depuis mon accident, je ne les avais pas regardées, je ne savais même plus qu'elles existaient. J'avais l'impression d'avoir sur les genoux une boîte de Pandore et j'ignorais ce qui allait en sortir si j'en soulevais le couvercle. Allons. Le seul moyen de le savoir était de l'ouvrir, non ? Dans un silence presque religieux, j'écartai les pans du carton pour accéder à notre trésor. Mon regard insondable scannait les petits boîtiers en plastique tandis que j'essayais de deviner quel en était le contenu. Ma main se figea dans les airs, s'arrêtant en plein milieu d'un geste. Par où commencer ? Il y en avait tellement.

« Papa m'a dit une fois que j'avais l'habitude d'écrire dans des carnets. »

Je marquai une légère pause, le temps de fouiller dans mes souvenirs confus. Tout ce dont j'étais certaine, c'est que j'avais obtenu cette information après mon accident. Cela collait avec toutes les tentatives désespérées de mon ancien entourage pour que je recouvre la mémoire.

« Il disait que je consignais chaque moment important de ma vie dans ces pages, et que je faisais ça dès mon plus jeune âge, comme si je craignais d'oublier quelque chose. » En soi, ce n'était pas faux, j'étais un poil obsédée par tout ce qui se rapportait au passé, de près ou de loin. Une névrose parmi tant d'autres. « C'était en quelques sortes mon journal intime, en plusieurs tomes. Il m'en a parlé, mais...il n'a jamais pu m'en dire plus, il ne savait pas où je les cachais. Je n'ai jamais réussi à remettre la main dessus. » Il faut dire que je n'ai pas vraiment cherché, non plus. « Tu saurais où ils se trouvent, par hasard ? »

Tant que nous étions dans les vieux souvenirs...Si elle avait su trouver ces cartons emplis de cassettes sauvegardant les moments les plus marquants de nos vies, elle saura peut-être où j'avais planqué mes journaux intimes. À moins qu'il s'agisse là de détails que je ne confiais pas à ma sœur. Dans ce cas, ce serait nettement plus problématique, nous aurions sans doute à fouiller toute la maison pour les retrouver. Moi-même je ne savais pas ce que je cherchais, à explorer ainsi les vestiges de notre passé commun. Peut-être avais-je besoin de retrouver celle que j'avais été avant que ma vie parte en vrille, même si je savais pertinemment que je n'étais pas une enfant de cœur et que j'avais fait des choses qui étaient loin d'être louables. Comme saccager délibérément le lien entre mon père et ma mère pour les éloigner, par exemple.
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Sybil

Sybil "Opale" Hécatys
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Sam 12 Nov - 11:42
Elle me parle de ses carnets, relique d'antan dont j'avais même oublié l’existence. Je reviens avec les deux chocolats sur-dosés dans les mains, et m'assois à nouveau à côté d'elle.

- Tu ne m'en parlais pas, mais je l'ai ai déjà vus… Peut-étre sous la latte du plancher qui grince, sous le tapis de ta chambre, ou dans ton Ours-sac-à-dos, le gris. Tu m'interdisais d'y toucher mais le peu de fois où je m'y suis risqué, il était bien lourd.

Je regarde mon amie, et lui tends doucement une des tasses. Fumantes, la douce vapeur du lait chaud vient animer l'air figé de la pièce et son odeur d'enfance fait l'effet d'un baume sur nos cœurs. Fixant toujours les petits boîtiers de cassettes, je me rends compte qu'elle ne sait pas par où commencer. Je prends alors l'initiative :

- On pourrait commencer par le début, non ? Je crois qu'elle sont numérotés…

Posant ma tasse sur la table basse, je commence à fouiller dans le carton, regardant toutes les dates pour en venir à la toute première. 25/11/94. La naissance de Létha.  Revoir tous ces visages lui fera peut-être du mal tout en lui faisant du bien. Les maux ne se soignent pas tous par la douceur.
Je m'avance donc doucement du petit téléviseur et en chasse la poussière d'un revers de bras. En l'allumant, il fait le bruit caractéristique des vieux engins, ce flash suivit de ce petit bruit fusant. Je met la précieuse cassette dans le magnétoscope et m'assois sur le tapis, à même le sol, le temps de rembobiner les images de son passé oublié. L'écran s'affiche bleu tandis qu'il remonte le temps.
Nous restons quelques secondes dans un silence calme, pas de ceux qui génèrent le mal aise, mais de ceux qui provoque la quiétude et qui apaise les âmes. Nous sommes seules ici, mais nous sommes plus ensemble que jamais. Pour faire passer le temps, je cherche dans ma mémoire un souvenir doux à lui raconter :

- Je ne sais plus si je t'en ai parlé, mais mon souvenir de notre enfance préféré n'est pas consigné dans ces cassettes, bien qu'il l'est peut-être dans tes carnets… On ira voir ça toute à l'heure. Bref, mon souvenir préféré, c'est un Noël passé chez moi, avec juste nous quatre, assis devant le sapin à déballer des cadeaux tout en mangeant la fameuse « Pizza de Noël » de ma mère.  Pour tout te dire, elle cuisait toujours trop sa dinde de Noël, et avait fini par décidé qu'a Noël, le plus important c'était de manger quelque chose que l'on amie, et on avait tous, même ton père, voté pour de la Pizza… Et donc, ce soir là, on devait avoir neuf, dix ans,  et le dernier cadeau qu'on a ouvert venait de nos parents. Ils avaient fait faire deux colliers, un en argent et un en or, avec au bout deux petits médaillons en forme de cœur, qui s'ouvraient, et où était gravé à l’intérieur nos noms, chacune le sien. La chose est, que sur le moment, on a trouvé stupide de porter un collier avec nos propres noms, et on a décider de les échanger. On les a porté pendant vraiment longtemps, mais avec le temps, tu sais… Le mien doit être dans un de mes cartons au grenier depuis le déménagement en ville, mais le tiens, aucune idée. C'est pas plus l'objet en soi qui me plaît, c'est notre façon d'avoir ce jour là décidé qu'on serait plus des sœurs que des amis… enfin symboliquement.

Et en écho à mes mot, le petit téléviseur signal que la vidéo est rembobinée au maximum. Je retourne donc m’asseoir à côté de Létha, prenant avec moi un plaid que je dépose sur nous, mon chocolat et la télécommande.

- Tu es prête ?  On est pas obligés, tu sais...
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Sam 12 Nov - 19:55
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Letha & Opale
Lili, you know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. You see it's not the wings that make the angel, just have to move the bats out of your head.

J'avais parlé de mes carnets, de ces tranches de vie que j'avais consignées dans ces pages vierges, les emplissant de souvenirs que j'avais peur d'oublier. J'avais espéré qu'elle m'en dise plus, qu'elle sache où ils étaient que je puisse jeter un œil dedans. Bien sûr, ça ne me rendra pas la mémoire, mon amnésie était irréversible mais ça pouvait m'aider, ne serait-ce que pour me représenter quel genre de personne j'avais été avant. Je levai mon visage rougi vers elle lorsqu'elle me dit qu'elle les avait déjà vus quelque part. Il y avait une cachette secrète dans ma chambre, à l'étage. Ma chambre d'enfant, puis d'adolescente et enfin, celle que j'occupais jusqu'à il n'y a pas si longtemps que ça, avant que je parte habiter sur le campus pour vivre ma propre vie. Bon nombre de mes affaires s'y trouvaient encore parce que je n'avais pas encore eu le courage de faire le tri. Encore quelque chose que j'allais devoir faire mais je n'en avais aucune envie. Mon regard embué de larmes se posa sur les murs couverts d'un papier peint un peu défraîchi. Personne n'avait pris la peine de refaire la décoration, tout était d'origine, ou presque. La maison portait les traces de la famille qui avait vécu ici autrefois, et qui n'y vivrait plus jamais. C'était une page qui se tournait et c'était douloureux. Je n'étais plus une enfant, j'étais une adulte et en tant que telle, je devais vivre ma propre vie. Le hic, c'est que je ne savais pas comment faire. Je me sentais perdue, incapable d'avancer. Elle me parla ensuite d'un sac à dos en forme d'ours comme d'une cachette potentielle. Ce n'était pas une mauvaise idée de les avoir planqués là dedans, tiens. Ça devait être un truc suffisamment moche pour qu'il reste dans un coin et qu'on n'y touche pas...sauf si ma mère avait décidé de faire le ménage dans mes placards après mon accident. Ceci dit, je croyais moyennement à cette dernière hypothèse. Elle était tellement inquiète à l'idée que je ne retrouve jamais la mémoire qu'elle n'aurait pas jeté mes carnets si elle les avait trouvés. Je n'avais donc aucune inquiétude à avoir à ce sujet.

Elle déposa une tasse encore fumante dans mes mains gelées. La chaleur que la boisson dégageait me rasséréna, de même que son odeur réconfortante. Je la gardai entre mes mains quelques instants, sans y toucher, laissant simplement mon regard se perdre dans les reflets bruns. Je fus tirée de mes pensées lorsque Opale me suggéra de commencer depuis le début. J'arquai un sourcil interrogateur en la voyant fouiller dans le vieux carton poussiéreux, à la recherche du point zéro de mon existence. Je la vis sortir un petit boîtier en plastique. Du coin de l'oeil, je pus voir qu'une date avait été inscrite au marqueur. Ma date de naissance. Je me raidis lorsque je compris ce que cela impliquait. J'allais y voir mon père, évidemment, mais ma mère était très certainement présente sur l'enregistrement. J'avais presque oublié à quel point ça avait été facile de la haïr, juste parce que je voulais que ma colère, mon ressentiment éclipse la douleur de l'abandon. Cela avait plutôt bien fonctionné et même au-delà de mes espérances. Ma mère avait été la première personne à m'avoir infligé cette peine, cette douleur, elle avait brisé mon cœur de petite fille et elle n'avait jamais eu aucun remords. Je n'avais jamais cherché à comprendre ses raisons, à savoir pourquoi. J'avais préféré l'oublier, tout simplement. Comble de l'ironie, j'avais oublié toute ma vie d'avant mais je n'avais pas oublié ma douleur, celle-là même qui me lacérait quand je la voyais ou quand j'entendais parler d'elle. Je n'étais pas sûre d'avoir envie de voir ma mère qui tenait le tout jeune bébé que j'étais dans ses bras, parce que sont ces bras que j'ai passé ma vie à pleurer. L'abandon était une chose terrible et personne n'avait à vivre ça, personne, même la pire des enflures.

Ma propre tension retomba lorsqu'elle raconta un souvenir, une anecdote. Je tournai à nouveau la tête vers elle. Elle évoquait Noël. À l'époque, ma mère était déjà partie, elle ne faisait plus partie de nos vies. Le premier noël sans elle a été le plus difficile. Puis il y en a eu un autre, et encore un autre. Je crois bien que Papa ne s'est jamais vraiment remis du départ de Mona, mais il l'a laissée vivre sa vie, comme elle le voulait. Il faut croire que sur le lot, il y en a bien une qui a réussi à s'en sortir. Opale parlait de colliers en forme de cœur, de prénoms, de cadeaux échangés. En effet, porter un collier avec son propre prénom est en soi stupide. L'idée de les échanger était bien meilleure, même si à l'évidence je n'avais aucune idée où était passé le mien. Peut-être dans les boîtes à bijoux que j'avais à l'étage...J'acquiesçai doucement lorsqu'elle dit que c'est ce jour là que nous avons décidé que nous serions sœurs. C'était le genre de promesses que se faisaient des gamins plein d'espoir, qui restaient persuadés que même la vie ne pourrait les séparer...Nous avions bien grandi depuis et nous étions devenues ces êtres abîmées par la vie. Je sursautai lorsque je m'aperçus que la cassette était entièrement rembobinée. Je me renfrognai légèrement. Je ne répondis pas tout de suite lorsqu'elle me demanda si j'étais prête, parce que je réfléchissais. D'ailleurs, on pouvait presque voir les rouages s'activer dans mon cerveau.

« Je sais ce que cette vidéo contient. » dis-je enfin, la gorge un peu nouée. « Je sais que si nous appuyons sur play, je verrai ma mère qui me tient dans ses bras juste après ma naissance et je n'ai pas envie de me prendre en pleine gueule qu'elle avait l'air heureuse à ce moment là et qu'elle s'est rapidement lassée de moi ensuite. » Mes yeux n'exprimaient plus que de la colère, de la rancune. « Je sais bien qu'elle n'avait que dix-sept ans, qu'elle avait peut-être des projets, des rêves, des ambitions...mais ça n'annule rien de ce qu'elle a pu faire. »

Ou ce qu'elle n'a pas fait, d'ailleurs. Être là, tout simplement. M'engueuler quand je dépassais les bornes, me soutenir quand j'en avais besoin. J'ai dû avancer, me construire sans elle. J'aurais pu tout oublier, l'éjecter pour de bon de ma vie et continuer à avancer seule, comme je l'avais toujours fait...seulement, il a fallu qu'elle revienne après l'accident la queue entre les jambes, prête à faire amende honorable...pour se casser une fois encore. Ça a été la goutte de trop, celle qui a fait déborder la coupe déjà pleine. J'étais prête à parier le peu qui me restait qu'elle allait revenir quand elle saura que Papa est mort. Elle ne faisait qu'aller et venir dans ma vie, et j'en avais assez.  
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Sybil

Sybil "Opale" Hécatys
À te tuer mille fois avant de te laisser vivre.
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Dim 27 Nov - 16:51
- Je sais bien qu'elle n'avait que dix-sept ans, qu'elle avait peut-être des projets, des rêves, des ambitions...mais ça n'annule rien de ce qu'elle a pu faire.

Je comprends mon amie et n'insiste pas plus face à son choix. Aprés tout je suis peut-étre la mieux placée pour savoir que l'amour d'une mére est une chose douloureuse, surtout quand il n'est plus.

- Pioche s'en une autre alors !

Je l'encourage, doucement, sans la brusquer, comme avec un petit animal. Ça ne fait pas très longtemps que je connais la vie, mais je peux déjà dire que la vie est une chienne. Elle guette les moindres instants de bonheur, ceux que vous vous êtes acharnés durant tout votre temps à avoir, pour vous les retirez et presque que vous les faire oublier, aussi vite que vous les vivez. La vie est une chienne car elle donne pour mieux reprendre ; quoi que même les chiens ont plus d'humanité que la vie.
Et je lui ai redonné la vie.

Chassant ces idées sombres pour ne pas les montrer à Létha, je prends le petit boîtier qu'elle à choisi et la lance dans la machine. Cette fois pas besoin de rembobiner, l'image se lance d'elle même. Dans un premier temps flou, on distingue ensuite assez rapidement le visage de deux fillettes.
Nous. Nous sommes assises par terre jusqu’à ce qu'une musique du Disney Pocahontas commence. « Tu crois que la terre t'appartient toute entière... ». Vêtues de tenues de natives américaines fait maison avec de longs foulards, quelques plumes et des jupes trop grandes, nous entamons la danse maladroitement, sur le sol du salon de Létha, essayant de passer pour de vrais petites indiennes alors que nous ne savions pas grand-chose de cette culture. « Pour toi ce n'est qu'un tapis de poussière... ». Nous nous regardons et rions aux éclats alors que notre chorégraphie à peine commencée. Nous sommes souriantes, insouciantes, heureuses. « Moi je sais que l'oiseau, la pierre et les fleurs, ont une vie, ont un esprit et un coeur... ». On entends ma mére chuchoter à Tiago, derrière la caméra : « Qu'elles sont belles nos filles... ». J'ai un pincement au coeur, et je ne peux m’empêcher d'attraper la main de ma sœur.
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Jeu 1 Déc - 20:19
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Letha & Opale
Lili, you know there's still a place for people like us, the same blood runs in every hand. You see it's not the wings that make the angel, just have to move the bats out of your head.

Je ressentais parfois cette sensation de manque, comme si le puzzle n'était pas complet, comme si j'étais passée à côté de quelque chose d'important mais quoi ? Je ne saurais le dire. Je n'étais pas certaine que Opale en sache davantage. Alors, l'engrenage avait appris à compenser, à fonctionner sans cette pièce manquante. J'étais bancale, mais toujours debout, résistant contre vents et marées. C'est cette personne là que je devrais être, que je pensais être, parce que c'était ce que j'avais toujours connu. Pourtant, ce n'était pas cette personne là qui était à l'écran. Cette personne là était vivante, elle riait, elle souriait, elle chantait. Ce n'était même pas grave si elle chantait faux, parce qu'elle s'amusait, parce qu'elle n'en avait rien à foutre. Elle avait l'air heureuse. Elle avait l'air libre. Elle avait pourtant déjà vécu, elle connaissait l'absence, elle savait ce que c'était d'être mise à l'écart, d'être le truc dont on cherche à se débarrasser. Sa vie, c'était ça, les déguisements, les paillettes. J'avais retrouvé dans mon placard des justaucorps que je portais en compétition. Des couleurs, des paillettes, toujours plus de paillettes. Il fallait que ça brille, bon dieu, parce que je pratiquais la gymnastique artistique, parce que je performais un art, tout autant qu'une discipline sportive. Je n'étais plus cette personne là. Je ne le serai plus jamais. Je m'étais éteinte alors que j'étais au sommet de ma gloire et il n'en restait plus rien, pas même des souvenirs chargés d'amertume. Puis, il y eut cette voix, cette voix de femme que je ne connaissais pas, dont je ne me rappelais même plus. Pourtant, je savais qu'à un moment, elle avait compté. Elle avait compté au point où elle avait progressivement pris la place de l'autre. Elle avait compté et je l'avais oubliée, comme j'ai oublié les autres. À ma grande honte, je m'aperçus que je ne pensais plus beaucoup à elle. Je savais qu'elle allait mal, qu'elle était presque morte elle aussi, peut-être que j'avais fait plus rapidement mon deuil que je l'aurais pensé, alors qu'elle était encore en sommeil, quelque part, sa vie ne tenant plus qu'à un fil minuscule qui tardait à être coupé. Pourtant, je ne me rappelais plus. Je ne me rappellerai plus jamais. Je laissai échapper d'autres larmes, tandis que je sentais la main de ma sœur serrer la mienne.

« J'ai du mal à croire que ça a vraiment existé. » murmurai-je, tout doucement. J'avais la voix rauque, les yeux brillants, la gorge nouée d'émotion. « Pourtant la preuve est là, sous mes yeux mais...ça ne m'évoque rien du tout. » Silence étranglé. « Je ne suis plus cette personne-là. J'ai changé. »

Mon ton était plus dur, plus amer aussi. Cette personne qui était là, à l'écran, ce n'était pas moi. J'en avais désormais la certitude et c'était sans doute ce qui faisait le plus mal. C'était cette personne-là que les autres voulaient retrouver. Peut-être que la version actuelle de moi-même ne leur plaisait pas. Peut-être voulaient-ils que je sois autre chose.

« J'ai piqué les cigarettes de papa. » chuchotai-je tout bas, comme si je craignais que quelqu'un m'entende et me dispute pour cela. « Je sais que je ne devrais pas mais...il en avait encore et...aussi loin que je me rappelle, je le voyais toujours là, assis à la table de la cuisine, en train de fumer ses cigarettes et de lire son journal. Il le lisait toujours en espagnol, il parlait très mal le grec. Quand j'entendais papa dire mon nom en entier et qu'il commençait à me sermonner en espagnol, je savais que ça allait barder. »

J'émis un léger rire éraillé en pensant à ces vieilles habitudes que nous avions tous les deux. Quand Opale et sa mère n'étaient pas là, nous parlions exclusivement en espagnol, parce que pour lui, c'était important que je garde un lien avec mes racines. Mes racines étaient de l'autre côté de la Méditerranée, mais je connaissais très mal cette partie de ma famille, je n'avais jamais eu affaire à eux de toute ma vie.

« Tu crois que je devrais leur dire ? » interrogeai-je après quelques minutes de silence, tandis que l'image à l'écran s'était figée. « Je sais que j'ai des tíos et des tías là bas, et je crois que mes grands-parents sont toujours en vie mais...Je ne sais même pas ce qu'il aurait voulu, s'il voulait  être enterré ici, en Grèce ou s'il projetait un jour de retourner sur ses terres. Je n'ai déjà pas de quoi payer mon loyer, je ne peux même pas dire de me prendre un billet d'avion pour aller là bas. Je ne sais pas quoi faire. »

Je ne savais pas quoi faire, et ça m'énervait de errer sans but, comme si ma vie n'avait aucun sens. Je lâchai alors la main d'Opale pour enfouir mon visage dans mes mains. Pour la première fois depuis bien longtemps, je donnais l'impression de porter le poids du monde sur mes épaules et putain, ça pesait lourd.  
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