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 requiem pour un rêve ֍ letha

but those names will never die
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Alma Phuomaï

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Alma Phuomaï
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DEBUT DE TON ODYSSEE : 08/08/2016
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LOCALISATION : Une agréable petite maison dans le quartier de Marousi au nord d'Athènes.
INCARNATION : jessica chastain.
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Ven 21 Oct - 18:50






requiem pour un rêve


Le papier m'échappe des mains sous le regard médusé de ma fille qui écarquille les yeux en me voyant reculer de quelques pas… Je ne peux pas croire un mot du faire-part que je viens d'ouvrir, non c'est impossible, comment ? Je me laisse tomber sur une chaise, ignorant les questions que me pose le sang de mon sang, ignorant ma propre surprise, ignorant tout cela pour me concentrer sur elle, sur sa douleur, sa peine, l'abandon qu'elle devait désormais ressentir. Letha, cette enfant qui avait trouvé refuge sous mon aile protectrice, au sein de mon nid, et ce comme beaucoup d'autres avant elle… J'avais toujours été d'un tempérament généreux, très maternel, car je savais que nous ne partions pas tous avec les mêmes chances dans la vie. Je savais que tous n'avaient pas des parents exemplaires, présents et prêts à tout pour leur progéniture, je savais tout ça et j’estimais donc que ces pauvres petites âmes esseulées méritaient que l'on s'attarde sur elles. Létha avait été l'une d'elles, comme Mika avant elle, qui avait ensuite disparu quand elle avait estimé que son envol était justifié, et Némésis bien sûr, qui restait coller à moi comme une moule à son rocher, ultime vestige d'un passé familial disparut à jamais. Oui, comme le père de Letha maintenant, parti, envolé, emporté par les vicissitudes de la vie, laissant derrière lui sa seule et unique fille et une ex-femme incapable de veiller sur elle. Un inconscient de plus. Une déception supplémentaire pour la jeune femme.

J'avais anticipé la visite de Letha. Elle n'était pas très longue avant de venir chez moi lorsqu'un drame se produisait, ou même pour juste me rendre visite. Cette petite avait un coeur d'or, et une histoire juchée de faux-pas et d’embûches… Elle avait frôlé la mort et en était ressortie plus forte, du moins, je l'espérais, car il faudrait qu'elle le soit maintenant, plus que jamais. Je m'étais habillée de noir, j'avais revêtu une belle robe. J'avais lu que les funérailles seraient cette semaine, je l'accompagnerai certainement, qui d'autre sinon ? J'étais dans la cuisine quand la sonnette retentit. Je ne l’entendis pas tout de suite, la bouilloire fit un bruit monstre au même moment, et ce fut une de mes filles qui ouvrit. Je lissais ma robe, la mine attristée mais un sourire radieux pendu sur mon visage, je ne devais pas être morne, je devais tout l'inverse, pour qu'elle ne s’effondre pas devant ce énième obstacle. Je tendais les bras sur ma petite Letha, comme pour lui offrir un abri, un refuge où se glisser pour se laisser aller ou pas, pour sentir ce réconfort et ce soutien indéfectible que je lui donnerai jusqu'à quelle estime ne plus avoir besoin de moi pour marcher… J'étais cette canne sur laquelle elle pouvait s'appuyer jusqu'à un rétablissement complet. « Je nous ai faits du thé… Rien ne vaut une bonne tasse de thé aux fruits avec des loukoums. » Il était inutile de lui montrer par où aller, Letha connaissait la maison, aussi bien que n'importe lequel de mes enfants.
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Sam 22 Oct - 14:26
Requiem pour un rêve
Letha & Alma
It's been seven hours and fifteen days, since u took your love away. I go out every night and sleep all day, since u took your love away. Since u been gone I can do whatever I want, I can see whomever I choose, I can eat my dinner in a fancy restaurant, but nothing I said nothing can take away these blues.

Il est mort. Même des jours après sa disparition, je n'arrivais toujours pas à me faire à l'idée. J'étais toujours sous le choc, ou peut-être que j'étais dans le déni. Je ne voulais pas croire qu'il soit parti lui aussi. Pas lui. Pas papa. Mon cœur se tordit à cette pensée, alors que je refrénais une nouvelle crise de larmes. Je ne pleurais pourtant jamais, parce que rien en ce monde ne méritait mes larmes. Je ne me souvenais même plus de la dernière fois où j'avais pleuré tellement c'était lointain. J'aimais croire que j'étais une fille forte, inébranlable, que rien ne pouvait atteindre. Pourtant, depuis quelques jours, je sentais ma carapace se fissurer, me protégeant moins bien qu'avant. Je me sentais faible, démunie, et je n'aimais pas ça. Pourtant, il méritait que je le pleure, mon père. Il était tout pour moi, peut-être que c'était parce que nous avons toujours été tous les deux, pendant toutes ces années. Il m'avait portée à bout de bras, encaissé sans rien dire, me regardant me dégrader chaque foutu jour qui passe. Je savais qu'il se sentait coupable de mon état, qu'il se disait que s'il n'avait pas conduit cette voiture ce jour là, je ne serais sans doute pas handicapée aujourd'hui. Je savais qu'il aura porté ce fardeau jusqu'à la fin, et cette idée m'était insupportable. Il ne méritait pas ça, ça me remplissait d'une rage sourde, incontrôlable. Je ne voulais pas qu'il se sente tourmenté pour quelque chose dont il n'était pas responsable, jamais. Ce n'était pas lui qui conduisait la voiture qui nous est rentrée dedans. Ce n'est pas davantage sa faute s'il s'en était tiré sans séquelles, contrairement à moi. Ça ne sera jamais sa faute, parce qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour que je me sente mieux, pour que je vive mieux. Pendant tout ce temps, il avait été mon pilier, mon repère et maintenant qu'il n'était plus là, je sentais tout mon monde s'écrouler. Je ne voyais plus qu'un tunnel sombre, sans fin, obstrué de décombres encore fumantes. J'étais là quand la police est venue taper à la porte de ma chambre, pour annoncer qu'ils avaient retrouvé le corps sans vie de mon père. Dès lors, tout s'est déroulé au ralenti. J'ai dû aller à la morgue pour l'identifier, puis j'ai dû remplir quelques papiers, pour les obsèques. Opale m'avait beaucoup aidée, bien que je m'étais enfermée dans mon mutisme. C'était toujours comme ça quand tout allait mal. Je devenais encore plus inaccessible, pas vraiment disposée à parler ou à faire part de mes états d'âme. Je ne me plaignais jamais de toute façon, je me contentais de serrer les dents et de continuer à avancer, coûte que coûte.

Pourtant, ce matin, je n'avais pas eu la force d'aller à l'université. Ces derniers jours, je me cachais souvent pour pleurer. Je ne voulais pas que les autres me voient ainsi. Trop de fierté. Cependant, il arrivait inévitablement un moment où on ne pouvait plus faire face, où on avait besoin d'aide. Ce matin, j'étais retournée dans ma maison, celle qui m'a vue grandir. Mes affaires n'avaient pas bougé de place parce que je revenais régulièrement. Comme tous les matins, je m'étais attendue à le voir assis dans la salle à manger, en train de lire son journal. Ce matin, il n'était pas là, et une nouvelle fois, j'avais senti mon univers s'effondrer. J'avais mis très longtemps avant de me calmer, avant d'être à nouveau capable de réfléchir. Je me souvenais à peine d'être montée à l'étage, de prendre un sac et d'y mettre quelques affaires. J'avais besoin de partir, pour quelques jours ou pour toujours, je n'en savais trop rien. Mécaniquement, j'avais empilé quelques affaires dans une valise, juste au cas où. Puis, une seule pensée cohérente parvint à se frayer un chemin jusqu'à mon esprit perturbé. Alma. Ce n'était pas une mauvaise idée de passer quelques jours chez elle, dans sa maison qui m'avait toujours paru très accueillante. Je ne savais pas où étaient ses enfants et si je risquais de les croiser, mais je m'en fichais, leur présence ne me dérangeait pas. J'avais beau savoir qu'elle m'accueillerait sans hésiter, il n'empêche que je me demandais toujours si j'étais de trop, si je m'imposais alors que ma présence n'était guère requise. Pour une fois, je n'avais pas envie d'être seule, à rester ruminer dans mon coin, et à me demander pourquoi. Alors, j'avais pris ma voiture, empilé mes sacs sur la banquette arrière et j'avais roulé jusqu'à la maison de la maraîchère, m'efforçant de rejeter toute pensée délétère. Je ne sortis pas tout de suite du véhicule. J'avais les mains crispées sur le volant, le regard fixé sur un point invisible, droit devant moi. Mon corps tremblait un peu, tandis que je tentais de refréner la vague de tristesse qui montait en moi. Alma connaissait bien Tiago. Elle savait qu'il n'avait pas mérité ça, qu'il n'aurait pas dû se faire descendre comme un moins que rien. Alors, je me mis à trembler, un peu plus violemment. Une nouvelle volée de larmes perlèrent au coin de mes yeux, tandis que j'avais envie de hurler. Je frappai violemment le volant. Comment pouvait-on en arriver là, à tuer un homme qui était si bon ? Comme quoi, ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier, et ça me dégoûtait. Je me forçais à inspirer et à expirer convenablement, pour ne plus me sentir nauséeuse. Pourtant, j'avais toujours ce goût âcre qui me remontait dans la gorge. Je serrais les dents pour ne pas me remettre à pleurer. Puis, je tendis le bras pour ouvrir la portière. Tant bien que mal, je m'extirpai du véhicule, avant de traverser le trottoir pour rejoindre la maison. Je toquai à la porte. Je devais être belle à voir, avec mes yeux bouffis, mon teint blafard et mon maquillage qui avait coulé sur mes joues. Ce fut une des filles d'Alma qui m'ouvrit. Je me redressai, tâchant de me donner une certaine consistance.

« Je...Je ne savais pas où aller. » balbutiai-je, tandis que j'entrai dans la maison, soudainement pétrifiée par les émotions qui déferlaient en moi et qui étaient incontrôlables. « Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête, je...je suis passée à la maison tout à l'heure et...je m'attendais à ce qu'il soit là et...il n'était pas là. »

Je me réfugiai dans les bras de cette femme alors que je me sentais une nouvelle fois m'effondrer.  Je détestais ces larmes, je détestais ce qu'elles signifiaient et ce que je refusais d'admettre. Tôt ou tard, ma solitude écrasante me sautera au visage, la culpabilité viendra me susurrer à l'oreille qu'encore une fois, ils m'abandonnaient, tous autant qu'ils étaient. Ma mère, puis mon père, la liste était longue, trop longue. Elle me disait qu'elle a fait du thé, et elle proposait des loukoums en accompagnement. J'acquiesçai doucement tandis que la suivais dans la cuisine, où nous aurions un peu de tranquillité. Je claudiquai jusqu'à la première chaise venue. Je me pris la tête entre les main pour m'essuyer le visage, étalant encore plus mon maquillage sur mes joues.

« Ils l'ont tué, Alma. » Ma voix trembla tandis que j'essayais de refréner une bouffée de colère. « Je...Je l'ai connu toute ma vie, c'est lui qui a fait de moi ce que je suis devenue. Le sport, c'était son idée, on a travaillé dur pour ça, parce qu'il voulait me donner une chance de me sortir de tout ce merdier. Il n'a fait que de m'aider à développer mon potentiel. Il était entièrement dévoué à ma cause, tellement que maman ne l'a pas supporté, et qu'elle est partie parce qu'elle n'avait pas sa place. J'ai mis ma vie de côté pendant des années, je n'ai jamais pu être une adolescente comme les autres, je n'ai jamais eu de petit copain parce que je ne voulais aucune distraction, je ne vivais que pour la gym et maintenant...je n'ai plus rien. »

Ma colère vibrait à l'intérieur, prête à exploser violemment. Mes larmes s'étaient remises à couler, tandis que j'avais admis à voix haute l'odieuse vérité qui me comprimait la poitrine depuis quelques temps, déjà. L'admettre faisait mal, beaucoup de mal. Je n'avais pas fini de déverser toute ma colère, tout mon désespoir, le tout était enfoui tellement profondément en moi, que je n'étais même pas certaine de pouvoir m'en débarrasser un jour, et je ne le souhaitai pas réellement : il n'y avait que ça qui me maintenait en vie.    
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Alma Phuomaï

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Dim 23 Oct - 14:39






requiem pour un rêve


Je ne put m'empêcher de sourire, tendrement. Évidemment qu'elle ne savait pas où aller, le contraire aurait été étonnant. Qui lui restait-il ? Que lui restait-il ? Quelques amis, certainement pas ceux qu'elle avait connus au sujet de la gloire, ceux-là disparaissaient aussi vite qu'ils sont apparus lorsque les projecteurs se tournent vers d'autres… Des amis d'enfance, ceux qui avaient choisi de rester malgré le changement de vie, bénéfique, de Letha, mais pouvant être déroutant pour ceux qui le subissaient. J'avais eu le bonheur de rencontrer ce petit oiseau fragile lors de son séjour en clinique, j'avais pour habitude de fleurir les chambres, et j'étais tombé sur elle, sur son père et j'avais eu la chance déroutante de rencontrer la femme qui l'avait mise au monde. Une déception, plus grande encore que tout le reste. Une petite fille sans figure maternelle, c'était une femme qui vivrait et grandirait avec un manque. J'avais essayé de combler ce vide, à ma façon, et ce depuis peu de temps, mais elle avait quelque chose en elle qui me confortait dans mon choix, que m'être intégré dans son quotidien avait une chose positive, sa présence aujourd’hui prouvait que j'avais bien fait. « Tu as bien fait ma douce, tu as bien fait. » Nous prîmes la direction de la cuisine, doucement, Letha poser sur mon épaule. Fragile, à bout de nerf, de souffle, je comprenais sa détresse face à la disparition, à l'absence… Nous n'imaginions pas la perte de nos parents. Nous savions tous qu'un  jour où l'autre ils finiraient par mourir, mais nous ne réalisions pas vraiment ce que ça impliquait. Ceux qui avaient toujours été présents, ceux qui nous avaient accueillis à notre venue au monde, ceux qui avaient assisté à nos premiers pas, nos premiers rires, ne verraient pas nos derniers jours se faner. Une disparition aussi soudaine laissait une trace, une cicatrice supplémentaire au départ d'un être cher.

J'écoutais, attentivement, émue de voir toute cette tristesse envahir Letha, voir son visage si souriant ombragé par la peine et l'incompréhension. Y avait-il seulement quelque chose à comprendre ? On ne choisissait pas qui partait, il n'y avait aucune logique à cela, la mort ne faisait aucune distinction entre les bons et les mauvais, elle prenait indépendamment de nos actions… Une impartialité qui passait pour de la cruauté. Les larmes coulèrent à nouveau, striant les joues rosies de ma petite protégée. Je prenais une chaise pour m’asseoir à côté d'elle, embrassant sa tempe avant de venir poser son visage sur mon épaule, réfugié son esprit au creux de mon cou. « C'était un père exceptionnel, il a toujours tout fait pour toi, et il l'aurait encore fait, aussi longtemps qu'il aurait pu. Il t'a donné des possibilités, des chances supplémentaires, il t'a armé pour que tu puisses avancer sans lui. » Je caressais ses cheveux. « Tu as de merveilleuses années qui t'attendent. Tu n'es pas seule, tu n'es pas démunie, tu ne le seras jamais. Tu es forte. Pleurs ma chérie, évacue tout… Lâche prise, je suis là, ça va aller. » Serrant un peu plus mon étreinte sur elle, caressant ses cheveux avec sa joue, son épaule avec ma main… Il fallait pleurer. Il fallait craquer pour mieux rebondir, pour mieux affronter les jours à venir.

Attrapant le torchon suspendu à la poignée d'un tiroir de la cuisine, je penchais ma tête en avant pour accéder à ses yeux, essuyant délicatement ses larmes chargées de maquillage… Un baiser sur le front et une nouvelle caresse. J'étais démunie face à la douleur, désarmée face à la perte, bien incapable de lui rendre ce qu'elle désirait… J'aurai tellement aimé la satisfaire, lui donner ce que son cœur demandait. Posant le torchon sur la table, je me redressais pour attraper le rouleau d'essuie tout posé au centre. « Évacue-moi tout ça, souffle un grand coup. » Lui disais-je en lui désignant une feuille de sopalin.
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
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Lun 24 Oct - 12:45
Requiem pour un rêve
Letha & Alma
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Depuis quelques jours j'oscillais entre la colère et le chagrin. Mes émotions commençaient à foutre le camp et je n'aimais pas ça. Pendant toutes ces années, je m'étais efforcée d'étouffer le moindre sentiment dans l'oeuf, de verrouiller chaque émotion naissante. J'avais fini par ne plus rien ressentir, si ce n'est que le vide sidéral qui m'habitait était perpétuellement habité par ma colère, celle-là même qui m'aidait à avancer. Aujourd'hui, je sentais d'autres émotions m'envahir, des émotions que je connaissais mal. La peine ne faisait pas partie de mon quotidien, j'avais appris à ne pas pleurer sur mon sort, c'était essentiel pour survivre. Les sentiments étaient une distraction, et surtout une faiblesse. On n'atteignait jamais ses objectifs en faisant preuve de trop de sensiblerie. Alors, me voir me décomposer de la sorte était inédit et le spectacle n'était guère reluisant à voir. Au delà de la colère, il y avait la honte. J'avais honte de me montrer sous ce nouveau jour, de me montrer aussi faible, aussi démunie. J'aurais pourtant dû m'y attendre, à force de tout refouler ainsi, tout finissait par nous péter à la gueule un jour ou l'autre. Je n'étais guère davantage qu'une bombe à retardement, dont l'explosion était imminente. Et le jour où j'allais laisser tomber mes dernières défenses, libérer le monstre de ses chaînes, ça allait faire mal. J'avais emmagasiné tellement de colère, de haine, de honte, de frustration que je pourrais avoir envie de tout détruire sans même prendre la peine de me poser trente secondes pour réfléchir. Voilà pourquoi il était impératif que je garde le contrôle, que je continue à tout enfouir. Alma avait beau être comme une mère pour moi, je ne pouvais pas me permettre de lâcher la bride. Je ne voulais pas non plus qu'on voit mon vrai visage, celui que je dissimulais avec application derrière ce masque fait de marbre et d'acier, parce que ce n'était pas beau à voir, c'était plein de craquelures et de fissures, cimenté par la rage et un profond sentiment d'injustice qui me rongeait jusqu'à l'os, aussi corrosif que du vinaigre sur un morceau de craie. La peine, l'amour, l'espoir, rien de tout ça ne faisait partie de mon monde, mon monde était gris, opaque, aseptisé. Je ne laissais pas entrer la lumière, me contentant de rester prostrée dans l'ombre.

Je réalisais à peine que mon monde allait rester sombre encore un moment, qu'il n'y avait pas de lumière au bout du tunnel, qu'il semblait même sans fin. Je me sentais étouffée par les événements, je sentais l'asphyxie me gagner, alors que l'angoisse me tordait les tripes. Comment allais-je faire pour continuer sans lui ? Il avait tellement été présent, partout, tout le temps que je n'imaginais tout simplement pas qu'il puisse ne plus être là, finir par disparaître comme tous les autres. Dans ma tête, il était immortel, Tiago. Bien sûr qu'en tant que féministe, je savais bien que je n'avais pas besoin des hommes pour avancer, que je pouvais m'en sortir toute seule, sans m'appuyer sur l'un d'entre eux, mais papa, ce n'était pas pareil, ça ne sera jamais pareil. Et maintenant qu'il n'était plus là, mon avenir semblait nettement plus incertain, d'autant plus qu'il n'avait rien laissé derrière lui, pour moi. Comment aurait-il pu, nous étions trop pauvres, boucler les fins de mois étaient difficiles et encore plus depuis la banqueroute du pays. J'étais une femme, j'étais seule, et j'étais handicapée, ma situation n'était guère reluisante. Pourtant, Alma était en train de me consoler, avec son éternel optimisme, et à chaque fois qu'on me disait ô combien Tiago avait été exceptionnel, cela me faisait l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Je le savais, j'en avais conscience, malgré les disputes, malgré les coups de gueule et les portes claquées, parce que putain, j'avais été sacrément ingrate par moments, à me regarder le nombril, comme si j'étais la seule à souffrir dans l'histoire. Par moments, j'avais même été sacrément injuste, mais c'était trop tard pas vrai, c'était trop tard pour demander pardon, pour regretter, simplement pour lui dire que je l'aimais malgré tout. Pourtant, je n'arrivais pas à croire qu'il m'ait armée pour que je puisse avancer sans lui. Je ne pouvais pas, j'en avais la certitude. Je ne voyais pas comment je pourrais m'en sortir, ce qui m'attendait me paraissait insurmontable. J'avais beau être entre les bras d'Alma, je ne me calmais pas pour autant. La douleur me bouffait, me rongeait, vampirisait toutes mes forces. J'avais pris un sacré coup, mais cette fois, je n'étais pas sûre de pouvoir me relever. Je sanglotais de plus belle quand Alma me dit que de nombreuses belles années m'attendaient. Quel avenir ? Quel but à atteindre ? Je ne voyais que la solitude, cette solitude écrasante, qui opprime. Je ne pouvais pas croire qu'il y avait autre chose. C'était impossible.

« Je ne peux pas. » Un tel aveu d'impuissance me coûtait. « Je n'y arriverai pas. Je...je ne sais pas ce que je vais faire. »

Je ne voulais pas avouer que je n'avais pas d'objectif en tête, pas d'attente particulière, pas d'espoir. Mes études, pourtant passionnantes, ne pesaient rien à côté du vide qui m'habitait, qui me hantait. Je n'arrivais même pas à étudier correctement, parce que ma mémoire me faisait défaut. Je ne voulais pas avouer que je n'avais plus envie de rien. Je frissonnais un peu quand elle commença à m'essuyer les yeux. J'avais bien du mal à soutenir son regard, parce que je ne voulais pas qu'à travers mes yeux, elle fasse face au vide sidéral que je planquais tout au fond et que je remplissais tant bien que mal.

« Il faut que je retrouve les gens qui ont fait ça. » d'une voix faible, cassée. « Il faut qu'ils paient pour leurs crimes. Quel genre de personne est capable d'assassiner quelqu'un d'innocent, qui n'a rien demandé à personne ? C'est pas juste. C'est tellement pas juste. »

Et tout au fond de cet océan de chagrin, il y avait cette étincelle, qui ne faisait que grossir, prendre toute la place. C'était une étincelle qui était prête à tout faire flamber. Le monstre tapi en moi commençait à grogner, à sortir les crocs, à réclamer du sang. Il n'y avait même pas besoin d'un bidon d'essence, il y avait simplement besoin d'une allumette.
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Alma Phuomaï

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Lun 24 Oct - 16:31






requiem pour un rêve


J'imaginais que c'était ainsi, quand nous partions, quand nous avions tout donné pour eux et que du jour au lendemain ils devaient avancer, sans nous, sans personne pour les motiver ou les suivre dans tous leurs choix. Je comprenais cette douleur, j’imaginais l'immensité de ce vide, de ce manque, de cette place que Tiago avait laissée dans la vie de Letha en désertant trop tôt sa place de père. Je commençais à entrevoir le fait que quoi que nous fassions, nous ne rendions pas service à nos enfants, à être trop présents comme nous l'avions fait, moi et Tiago, toutes ces années à rattraper leurs erreurs, à pardonner leurs fautes, à réparer leurs injustices et à s'excuser pour eux. À oublier parce que c'était ainsi que devait agir chaque parent, oublier les crises, les portes qui claquent et les injures, oublier l'adolescence et son ingratitude. Avancer et continuer à les aimer, coûte que coûte, quoi que cela implique, quoique cela nous demande, nous sacrifier pour eux, parce que tel était notre devoir. Avions-nous seulement été de bons professeurs en étant de bons parents ? La vie ce n'était pas éternellement une deuxième chance, cela devait être parfait, d'un coup, d'un seul, on ne pouvait pas rembobiner la bande après avoir réfléchi, en voulant refaire, pour réécrire l'histoire et agir mieux. J'avais le cœur qui me disait que nous avions bien fait, mais en voyant Letha pleurer à chaudes larmes, je me questionnais si c'était vrai, si c'était la bonne réponse et pas seulement une chose que je me disais pour me rassurer, me consoler. Ma tête me disait qu'en voulant armer nos enfants, nous les avions peut-être, tout simplement, laissés sans armes et incapable de tenir une épée… Incapables d'avancer sans nous.

Je me levais, tirais la chaise de Letha pour que je puisse m'agenouiller devant elle, attrapant son menton avec mes doigts pour plonger mon regard dans le sien. Non. Je ne faillirai pas. « Tu sais pertinemment ce que tu vas faire. Tu vas faire ce que ton père t'a enseigné, tu vas relever la tête, aussi difficile que cela soit, tu vas te relever malgré tes jambes qui tremblent et malgré ta tête qui te crie d'arrêter de te battre, et tu vas marcher. Tu vas faire le réapprentissage de ta vie, aller de l'avant, sans lui, parce qu'il le faut, pour que deux vies ne s'effondrent pas alors que nous n'enterrons qu'un seul corps. Tu vas surpasser cette perte, tu vas prouver à ceux qui t'ont pris ton père que « non, ils te t'auront pas, toi » et que tu vas prendre ta revanche sur la vie. Tu vas vivre pour qu'il soit fier, et qu'il ne se soit sacrifié toutes ces années, en vain, est-ce clair ? » Ma voix ne souffrait d'aucune réponse, elle avait été ferme mais pleine de compassion et d'amour. Il fallait qu'elle cesse de pleurer, qu'elle prenne le taureau par les cornes parce qu'elle était elle, qu'elle était Létha Moralis-Kaligaris et que bordel, elle ne se laisserait pas mourir. « Tu vas laisser la police faire son travail, tu vas laisser l'enquête se dérouler et tu ne feras pas d'acte inconsidéré. Tu n'es ni stupide, ni folle, alors arrête de dire des bêtises, veux-tu ? » Je savais que ce n'était pas ce qu'on avait envie d'entendre, mais c'était ce qu'il lui fallait, un coup de fouet pour qu'elle remonte la pente, une carotte pour faire avancer l'ânesse qu'elle était. « On va retourner chez toi, on va prendre tous les bagages que l'on trouve et on va y mettre toutes tes affaires. Tu vas emménager ici, avec moi et Marius, avec les enfants, et tu on avisera, on verra ce que tu veux faire de ta vie. Après, quand un peu de temps sera passé. »
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Letha Morales-Kaligaris

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Mer 26 Oct - 16:54
Requiem pour un rêve
Letha & Alma
It's been seven hours and fifteen days, since u took your love away. I go out every night and sleep all day, since u took your love away. Since u been gone I can do whatever I want, I can see whomever I choose, I can eat my dinner in a fancy restaurant, but nothing I said nothing can take away these blues.

Ce n'était pas facile de demander de l'aide à quelqu'un, même quelqu'un dont nous étions proches. Il y avait une bonne part d'orgueil là dedans, le refus de se montrer faible, vulnérable. On se croyait fort, persuadés de pouvoir s'en sortir seule et pourtant, on ne parvenait pas à faire face à cette solitude écrasante, qui venait broyer le peu de confiance en nous qui restait. J'étais très clairement en train de flancher, j'étais un volcan qui entrait en éruption et qui menaçait de tout détruire sur son passage. Dans mon esprit, il y avait ce magma tourbillonnant de pensées sans queue ni tête, délétères pour la plupart. Je ne parvenais pas à réfléchir de façon cohérente et posée, à formuler un raisonnement rationnel, logique, construit, qui me permettrait de réagir correctement. J'étais tellement agitée que je ne parvenais pas à me calmer. Comme un réflexe profondément ancré en moi, j'en vins à envisager la vengeance. Oeil pour œil, dent pour dent, il fallait rendre tous les coups qui avaient été donnés, pour que justice soit faite. Or, je n'avais pas encore réalisé à quel point cette idée était absurde. Je ne savais même pas qui avait fait ça, tout ce que je savais, c'est qu'on avait retrouvé son corps sans vie. Je n'avais même pas écouté quoi ni comment, j'avais cessé de réfléchir au moment même où on m'a annoncé sa mort. Je ne voulais pas savoir dans quelles circonstances sordides c'était arrivé, je ne voulais pas l'imaginer en train de souffrir, d'avoir peur. Je ne voulais pas répondre à leurs questions, fussent-elles utiles pour l'enquête. Qu'est-ce que j'en savais, dans le fond, s'il avait des ennemis, si quelqu'un avait une bonne raison de lui en vouloir ? Le plus douloureux était encore de se rendre compte que dans le fond, je ne le connaissais pas aussi bien que je devrais. Pourtant, ils allaient revenir, je le savais, ils m'avaient prévenue. Ils s'attendaient à ce que je coopère pour que justice soit faite. Tu parles. Je riais jaune quand j'y pensais, parce qu'ils ne m'avaient pas aidée lorsque j'ai été agressée quelques années plus tôt et dans le fond, je savais bien qu'ils ne m'aideront pas non plus pour mon père. Je savais tout cela, et malgré tout j'allais devoir subir leurs questions, leurs indiscrétions. Pire encore, il y avait ce doute insidieux qui continuera à s'infiltrer et à empoisonner l'image presque sacrée que j'avais de lui et en boucle la même rengaine. Pourquoi ? Qu'avait-il fait pour mériter un tel sort ? Ça ne pouvait pas être uniquement parce qu'il s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.

Plus d'une fois, je fus tentée de baisser le regard mais je n'avais pas d'autre choix que de regarder Alma bien en face. Elle me disait qu'il fallait que je tienne bon, qu'il fallait que je garde la tête haute, que je continue à me battre alors que tout se cassait la gueule autour de moi. Dans le temps, j'avais été une championne, je savais ce que c'était de devoir se battre pour décrocher une victoire. Pourtant, aujourd'hui, je ne me souvenais plus. Je ne me souvenais plus de l'effort qu'il fallait fournir avant chaque victoire, j'avais tout oublié de ma vie d'avant, je ne souvenais plus qui j'étais, qui j'avais été. J'avais déjà eu l'occasion de réapprendre à vivre, je ne l'ai pas saisie. Cela faisait deux ans que j'étais morte de l'intérieur, que je vivotais au lieu de vivre pleinement ma jeunesse alors que, paraît-il, j'étais en train de vivre mes plus belles années. Le fait est que je n'avais plus aucune raison de vivre depuis mon accident. J'avais envie de lui répondre que ceux qui m'ont pris mon père se fichaient bien de ce qui pouvait bien m'arriver. Ils ne connaissaient sans doute pas mon existence. Si tel était le cas, en le tuant, ils ne s'étaient pas préoccupés de laisser une orpheline derrière. Elle voulait que je le rende fier, que son sacrifice ne soit pas vain. J'eus alors l'impression de me prendre une claque dans la gueule. Je me mis à trembler un peu, parce que quelque part dans ce marasme d'émotions, il y avait la culpabilité, bien planquée, prête à surgir à la moindre occasion. Cela me rappelait que je n'étais pas là parce que mes parents l'avaient voulu, désiré. Je n'étais même pas prévue au programme, je n'étais qu'un accident, un imprévu dans leur vie auquel ils ont dû s'adapter. Ça me donnait l'impression d'être un boulet accroché à leur pied. Mon père avait fait face, mais ma mère...cela faisait bien longtemps qu'elle était partie, qu'elle avait disparu de ma vie, que j'avais coupé les ponts parce que j'en avais marre qu'elle me brise le cœur à chaque fois qu'elle partait. Elle avait pourtant fait de son mieux, cela se voyait qu'elle était sincère, pleine de bonne volonté mais certaines personnes n'étaient pas faites pour être parents. Entre avoir la faculté de se reproduire et être de bons parents, il y avait tout un monde. Je n'avais jamais douté que l'un et l'autre m'avaient aimée de tout leur cœur, mais ça n'avait pas été assez pour compenser l'absence. Cette vieille blessure s'était rouverte et ne guérira probablement jamais, quoiqu'on en dise. Certains événements marquaient à vie, quoi qu'on en dise.

« La police ne m'aidera pas. » coupai-je fermement alors que mon regard s'était davantage assombri. « Ils n'ont rien fait pour moi quand j'ai été violée et maintenant, il y a ce type qui est toujours dans la nature en train de faire carrière alors que la mienne s'est arrêtée. Ils vont faire quoi de plus, hein ? Continuer à me cuisiner, détruire peu à peu l'image que j'avais de mon père en me faisant douter de son honnêteté, et quand ils vont s'apercevoir que je suis amnésique, qu'ils ne peuvent rien tirer de moi, ils vont laisser tomber et classer l'affaire sans suite. »

Je n'aimais pas la police, je n'aimais pas ce qu'ils représentaient et c'était très nettement perceptible. Pourtant, c'était encore le premier pas à accomplir pour obtenir justice, parce qu'il n'y avait pas d'autre moyen. J'étais en colère, j'étais indignée et je m'étais redressée. Je me tenais bien droite sur mon siège, tandis qu'une lueur farouche s'était allumée dans mon regard si sombre.

« Je ne crois pas à la justice des hommes. » soufflai-je finalement, en m'affaissant soudainement, comme écrasée par le poids du monde. « Il y a des choses que je n'arriverai jamais à me pardonner et pour lesquelles je n'obtiendrai jamais la rédemption, alors, non, je ne leur pardonnerai pas, parce qu'il y a des choses qui sont impardonnables. »

Je ne faisais pas partie de ces personnes qui pardonnaient, qui passaient l'éponge. J'avais la rancune tenace, la colère à fleur de peau, je préférais détruire plutôt que reconstruire. Cela faisait écho à ma propre culpabilité, celle qui me rongeait de l'intérieur. J'avais pensé pendant tellement longtemps que c'était à cause de moi que ma mère est partie et c'était en partie vrai, car sans trop savoir comment, j'avais effacé le moindre souvenir d'elle de la mémoire de mon père. J'étais la seule à vivre avec le souvenir de cette femme, que je ne connaissais que par l'intermédiaire de ce que mon père m'avait raconté, rien que je me souvienne moi-même. Je baissai le regard tandis qu'elle me disait que dans l'immédiat, j'allais emménager ici, dans cette famille aimante et soudée. Je me mis à nouveau à trembler.

« Je...je vais avoir besoin de temps. » murmurai-je en levant mes grands yeux marron vers elle. « Je sais qu'il va falloir faire du tri dans nos affaires et peut-être...revendre la maison. » bon sang, rien que cette pensée suffisait à me crever le cœur, mais c'était un mal nécessaire, surtout si ça pouvait me permettre de récupérer un peu d'argent pour continuer à payer mes frais de scolarité. « Je ne suis pas prête pour ça, je ne suis même pas sûre de savoir par où commencer. » Silence. « Opale m'a beaucoup aidée, pour organiser les funérailles, pour faire la paperasse, tout ça. Je...Je n'avais même pas de quoi lui offrir un enterrement digne de ce nom, tout est tellement hors de prix. »

Lui offrir des funérailles dignes de ce nom, c'était le moins que je puisse faire, parce qu'il méritait qu'on lui rende hommage. Je n'aurais pas hésité à m'endetter sur quelques années si cela s'était avéré nécessaire, quitte à accumuler les petits boulots de merde pour rembourser ma dette. Alma avait raison, il avait tout sacrifié pour moi, alors, la moindre des choses était que je fasse pareil en retour.
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Alma Phuomaï

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Alma Phuomaï
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DEBUT DE TON ODYSSEE : 08/08/2016
PARCHEMINS : 91
LOCALISATION : Une agréable petite maison dans le quartier de Marousi au nord d'Athènes.
INCARNATION : jessica chastain.
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Dim 11 Déc - 17:19






requiem pour un rêve


Que dire ? Je n'y croyais plus non plus à cette soi-disant « justice ». C'était un simulacre de loi, des enquêtes oniriques, des témoins fantasmagoriques, tout ceci ne visait encore et toujours qu'à la même chose, au même but : protéger les grands au détriment des plus faibles, apitoyer les plus démunis pour que les plus riches se gaussent. Le système était corrompu, on n'obtenait plus justice, on obtenait le respect des intérêts des uns, et malheureusement, c'était toujours les mêmes qui avaient la part la plus grosse du gâteau. « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir » disait un fabuliste français, et il avait raison, c'était toujours la même chose, toujours le même constat affligeant, rien n'avait changé, nous évoluions toujours dans la même société repue de rêves mais habités par les cauchemars. « Mais faire justice toi-même n'amènera rien de bon non plus… Si tout à chacun devait venger son prochain, que serait-il advenu du monde ? Dans quel état seraient nos rues ? Ne tu aventures par sur cette route-ci Letha… Tu t'y perdrais pour de bon, et bien plus que tu ne peux imaginer. » Elle avait perdu son père, l'unique repère de sa vie, l'unique phare dans l'obscurité, mais si aujourd'hui elle choisissait les ombres, qu'en serait-il demain ? Une fois que l'on choisissait la facilité du mal, c'était compliqué de revenir en arrière, voire quasiment impossible. Letha valait mieux que cela. J'en étais persuadée. « Je ne te demande pas de pardonner, seulement de te laisser le temps d'oublier… L'oubli est notre meilleur ami dans certains instants de notre vie, en voici un, et le temps fera son travail, mais tu ne dois pas agir dans la précipitation et avec vindicte. Rien n'en ressortira de bon Letha. Rien du tout. » J'étais obligé de la sermonner alors qu'elle n'avait besoin que de réconfort, mais comment faire autrement quand devant vous une enfant avait décidé de se laisser happer par le gouffre se tenait devant elle ?

« Opale sera là pour t'aider, et moi aussi. Vous êtes toutes deux très jeunes pour affronter cela toutes seules. Nous ne pourrons pas t'apporter le même soutien, mais j'espère que tu sais que cette maison est désormais la tienne Letha ? » Je souriais. Pauvre petite oiselle blessée. J'avais le cœur brisé de devoir enterrer son père, cet homme si brave et si courageux, ce père qui avait tout donné pour sa fille et qui lui aurait tout pardonné. C'était un homme si bien, et si j'étais moi-même assombrie par ce trépas, je n'osais imaginer la peine de Letha qui voyait disparaître non seulement son père, sa dernière figure familiale, mais également un homme aux nombreuses qualités, un homme de bien… « Je peux t'aider Letha. Je payerai pour l'enterrement. Nous allons lui offrir une belle cérémonie. » Je remettais en place une mèche de cheveux avant de lui embrasser la joue. « Nous ferons tout en temps et en heure, mais à présent il faut trouver un endroit où tu vas être entouré. »
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Letha Morales-Kaligaris

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Letha Morales-Kaligaris
divinités mineures
DEBUT DE TON ODYSSEE : 25/08/2016
PARCHEMINS : 664
LOCALISATION : Athènes, la ville qui l'a vue naître, grandir, espérer puis déchoir.
INCARNATION : Bridget Satterlee
divinités mineures
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Mer 14 Déc - 19:12
Requiem pour un rêve
Letha & Alma
It's been seven hours and fifteen days, since u took your love away. I go out every night and sleep all day, since u took your love away. Since u been gone I can do whatever I want, I can see whomever I choose, I can eat my dinner in a fancy restaurant, but nothing I said nothing can take away these blues.

Dire qu'Alma me conseillait de renoncer à faire justice moi-même, comme elle le disait si bien. Elle ne comprenait pas. Elle n'avait aucune idée de ce qui se passait en moi en cet instant précis. C'était un besoin viscéral qui m'animait, un besoin que je ne pouvais pas verrouiller, contrairement à mes autres émotions. J'étais face à une injustice, une de plus, comment pourrais-je rester de marbre ? J'étais d'autant plus touchée par ce qui venait de se passer que cette injustice me concernait directement. Je ne pouvais pas me résoudre à envisager la mort de mon père comme un événement fortuit, l'histoire de celui qui s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Car si on adoptait ce point de vue, il faudrait se demander pourquoi lui, et pas quelqu'un d'autre ? Qu'est-ce qui à un moment donné a fait que son destin a basculé tragiquement ? Je ne croyais en aucun dieu, à aucune forme de spiritualité. Je ne croyais pas davantage au destin. Je refusais l'idée qu'il n'y avait pas de libre arbitre, que nous n'étions que des marionnettes soumises au bon vouloir d'une entité supérieure, qui avait le pouvoir de décider qui avait le droit de vivre ou qui devait mourir. Un rire nerveux me secoua quand elle me parla d'oublier. Si elle savait. Si elle savait que l'oubli était chez moi une seconde nature, j'étais douée pour ça, oublier, même que j'avais oublié vingt années de ma vie et il n'en restait plus rien. Comment pouvait-elle croire que j'allais oublier ça également ? Je ne voulais pas oublier, je n'étais pas d'accord quand elle disait que l'oubli était une vertu. Elle semblait avoir oublié qu'elle parlait à une fille amnésique dont le passé était en soi une énigme. Elle ne savait pas à quel point ça pouvait être effrayant, tout ce vide à l'intérieur. L'oubli n'était pas un ami en ce qui me concernait. Jamais.

« Oublier, vraiment ? » ironisai-je tandis que je sentais le fou-rire nerveux revenir, symptôme d'une folie naissante. « Je suis lasse de tout oublier, comme si je n'étais plus capable de créer le moindre souvenir. Tu ne sais pas ce que c'est de regarder tes propres abysses et de les voir te regarder en retour. »

Parce que dans le fond, il n'y avait que ça, il n'y avait rien d'autre. Je ne comprenais pas pourquoi les gens voulaient tellement oublier. Il n'y avait rien de plus terrible que ne pas se souvenir. Beaucoup y voyaient là un soulagement, une façon de s'absoudre de leurs péchés. Ils espéraient ainsi que leur âme trouve le salut. Il fallait une certaine force, pour oublier. Cela supposait de passer outre la douleur qui les dévorait de l'intérieur. On disait parfois que seuls les lâches et les faibles n'oubliaient pas, parce qu'il était tellement plus facile d'obéir à ses instincts primitifs. Quand quelqu'un te fait du tort, il faut tendre l'autre joue. L'oubli est aussi une preuve de résilience, cela montre l'aptitude de celui qui oublie de continuer à avancer quoiqu'il arrive. C'était sans doute le message qu'Alma cherchait à me faire passer mais je ne m'en sentais pas capable. Mon âme était bien trop tourmentée pour que j'aie la force d'oublier. Mes souvenirs, je les avais perdus parce que j'y avais été contrainte et forcée, pas parce que j'étais forte, capable. La preuve, j'étais incapable de rebondir et de démarrer une nouvelle vie, malgré la chance qui m'était offerte de pouvoir tout recommencer de zéro. Alma essayait une fois de plus de me rassurer, de me dire qu'ici, j'étais chez elle, mais le serai-je vraiment un jour ? Dans le fond, je n'étais qu'une personne qui squattait un lit, ou un canapé. Je n'étais guère autre chose qu'un parasite, qui sautait d'hôte en hôte pour se nourrir de son essence. Une fois que j'y aurais trouvé mon compte, que restera-t-il ? Ce n'était pas moi qui resterai,  en tout cas, moi, je ne restais jamais, j'étais toujours celle qui partait en premier. Je l'avais décidé le jour où les autres ont commencé à partir, me laissant en plan par la même occasion. Je ne voulais plus jamais leur laisser la possibilité de me briser le cœur. Je me remis à trembler lorsqu'elle parla de lui offrir une belle cérémonie. Je venais de lui avouer que je n'avais même pas les moyens de lui donner au moins cela. Elle remettait patiemment en place mes cheveux épars, puis, elle m'embrassa la joue. Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas bénéficié de telles marques d'affection que je ne me rappelais même plus ce que c'était.  Comment le pourrais-je, moi qui étais incapable d'aimer autrui...

« C'est bien plus que je peux accepter. » murmurai-je enfin, un peu décontenancée par toute cette aide que je recevais, une aide inespérée qui semblait tomber du ciel. « C'est aussi bien plus que je mérite. Je n'ai rien à donner en contrepartie. »

Le constat était amer. J'étais tellement inutile que j'en étais honteuse. Voilà pourquoi j'évitais de contracter des dettes, parce que j'étais incapable de les rembourser, de renvoyer l'ascenseur. Je n'avais rien à offrir. De la même façon, je ne promettais jamais rien, tant que je ne m'assurais pas d'être en mesure de pouvoir tenir mes promesses. Je préférais éviter d'être engagée par un quelconque serment, tout simplement parce qu'une promesse était sacrée et je n'aimais pas être celle qui la briserait. C'était en cela que l'on pouvait considérer que j'étais réglo, digne de confiance.   
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