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 thousand silhouettes (silas)

but those names will never die
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Caprice M. Calciare

https://metamorphoses.forumactif.org/t175-croque-la-pomme-mon-enf
Caprice M. Calciare
SEDUCE AND DESTROY
DEBUT DE TON ODYSSEE : 14/04/2016
PARCHEMINS : 1288
INCARNATION : Sandrah Hellberg
SEDUCE AND DESTROY
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Lun 11 Juil - 1:24

❝ And you are folded on the bed where I rest my head
There's nothing I can see, darkness becomes me ❞
Silas & CapriceL'étoffe de taffetas rouge frôle le planché dans un bruissement délicat, élégance d'une démarche féline qui accompagne des intentions bien plus discutables, d'une main assurée tu te saisis de la poignée que tu tournes dans un grincement insupportable. Tu le soupçonnes de ne jamais l'avoir fait réparer pour la simple prudence d'entendre tout intrus s'aventurant dans son antre. Intrus tu n'es point, tu es ici comme dans ta propre demeure, refuge d'années chancelantes à l'évocation de votre ruine commune. Tu caresses des yeux les draps à peine changé d'un lit dont tu connais chaque recoins, tu effleures d'un doigté précis les bibelots occupant l'habitacle, tu prends place nonchalante te hissant sur une commode d'époque chinée pour un prix ridicule, preuve irréfutable d'un talent de négociateur hors du commun. L'eau coule dans la pièce adjacente, te laissant deviner qu'il se prépare lui-même à se rendre à cette même soirée pour laquelle tu t'es si richement fardée, une vraie oeuvre-d'art décorative à exposer comme si tu faisais partie des enchères, habitude tenace de parfaire toujours le masque de la séduction cachant ainsi le plus horrible des visages. Cette fois encore tu viens tourmenter sans raison apparente, raison autre que le plaisir de retirer quelques satisfactions du carnage que tu as semé. Tu prends tout ton temps pour te repaître de ta victoire, demi-victoire qui te laisse un goût amer sur la langue de ne plus sentir la sienne. Tes créations sont toujours les plus néfastes car tu as cette patience de fauve propre à ta famille. Il faut avouer que les femmes cruelles ne courent pas les rues. Pour être cruelle, il faut être oisive. Gamberger sans fin les petites ruses qui vont égratigner puis saigner l'autre à blanc, le forcer à attendre, à supplier, à se rendre, lui instiller le poison sous la peau et l'enchaînement à toi pour l'éternité. Ce soir ton élan est cependant plus territorial que sadique, tâtant un terrain qui ne t'appartient plus, tu es pourtant la reine pour revendiquer ce que tu as abandonné. Prenant, refusant, revenant. Madame Capricieuse ne sait jamais ce qu'elle veut. Les grands amoureux sont de grands masochistes. Ou de grands rêveurs, tu ne sais pas. Lamartine sur son lac, Musset à Venise, Chopin au piano… Ils ralentissaient le temps, dépiautaient chaque minute pour en faire une éternité de frissons. Tu n'as jamais eu ce luxe. Celui de rêver, de fantasmer, et si tu aimes faire souffrir autrui tu ne supportes pas qu'on te rende la pareil. Alors t'as dû te rendre à l'évidence et renoncer à cette tragédie de l'amour que tes ancêtres ont délaissé pour les batailles. Tu t'es apaisée. Et tu as renoncé. Renoncé à être pleine et ronde de l’amour que tu avais et qui t'illuminais, faisait se retourner tous les hommes dans la rue, allumait des feux de convoitise sur ton passage, allongeait tes jambes, ta taille, ta joie de vivre, rendait mélancoliques tes proches, faisait de leurs amours des portions congrues et rassises. Il aurait fallu que tu aies la sagesse de t’en tenir à ce bonheur-là. Mais toi comme lui, vous n'êtres pas comme ça « sages », la sagesse elle ne transperce pas la cuirasse de dragonne que tu portes fièrement, une dragonne un peu maladroite c'est une certitude. Celle qui crache des étincelles et se crame les ailes avec. Tu t'es consumée aux flammes de votre passion et aujourd'hui tu observes curieuse le tas de cendres que t'as laissé derrière toi. Il finit par émergé entouré par la buée de l'eau brûlante qui a laissé de longs sillons rouges sur son corps, tes yeux se font gourmands et intrusifs et tu n'en ressens pas la moindre gêne. On peut faire baisser les yeux de quelqu'un qui vous aime, mais on ne peut pas faire baisser les yeux de quelqu'un qui vous désire. Tu n'as pas à rougir de tes élans comme d'une maladie honteuse puisque tu n'as pas la faculté d'en éprouver. « Tu vas être en retard pour ta propre mise aux enchères.. Ce n'est pas très honnête de ta part.» siffles-tu à son intention tandis que tu cales une camel light entre les rubis qui te servent de lèvres et en exhales un cumulus pour polly-pocket. L'honnêteté est un concept très relatif avec lequel vous vous amusez depuis des années, ça se déforme, c'est extensible, c'est un peu abstrait et ça ne dépend que de vos règles absurdes. Tu le salues à peine, n'expliquant pas plus ta présence sur son territoire que tu n'évoques combien de temps tu comptes rester dans les parages à le parasiter. Ce n'est pas converser avec toi qui arrangera son retard bien au contraire. « Tu ne m'avais pas dit, que tu participais à la vente cette année. » la voilà enfin, cette légère intonation dans ta voix, celle qui traduit une irritation à peine dissimulée, celle qui lui indique que malgré ta désinvolture tu prends la chose comme un outrage. Tradition qu'il a sciemment bafoué pour provoquer ton mécontentement, ce cocktail était le vôtre, petite fête d'adolescents stupides cherchant à attiser la jalousie de l'autre, célébration de jeunes gens épris voulant pimenter leur histoire, coutume amusante d'un couple sauvage souhaitant se mettre en danger. Chacun votre tour se vendant au plus offrant pour prouver tu ne sais plus quoi à l'autre. Souvenirs électrifiés et connectés à vos cils, dès que tu y penses tu as les yeux qui brûlent. Cette année il continue le jeu alors que tu as quitté la partie et tu ne supportes pas qu'il change les règles à tes dépends. « Ça a changé ici... » ta voix se fait presque murmure alors que la fumée de ta cigarette plonge les lieux dans un nuage qui donne à l'atmosphère une apparence étouffante, ou est-ce seulement toi, ici, qui t’asphyxie à l'évocation d'un avant et d'un présent qui entrent en collision. Peut-être que ça n'a pas tant changé que ça. Peut-être est-ce seulement toi, et lui. Toi avec lui. « Tu as redécoré ? » pas ça. Non. Lui. Il s'est redécoré tout seul, comme un grand, quand t'as décidé sur une lubie de ne plus être l'architecte de ses démons intérieurs. Si tu revenais maintenant tu ne reconnaîtrais même plus l'organe vital qui fait marcher la maison. C'est là toute l'ironie, l'Homme survit aux tremblements de terre, aux épidémies, aux horreurs de la guerre, et à toutes les souffrances de l’âme, mais la tragédie qui l’a toujours torturé et le tourmentera toujours est la tragédie de la chambre à coucher. En tout cas, c'est celle dont tu t'es servie avec le serpent qui autrefois rampait à tes pieds.  




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Silas Ebenus

Silas Ebenus
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DEBUT DE TON ODYSSEE : 19/04/2016
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Mar 12 Juil - 23:43
L'eau coule sur ton corps, comble les pores abîmés par le frottement énergique que tu exerces sur chaque parcelle de ta personne, comme si tu cherchais par ce simple geste, à laver tous les vices de ta journée. Mais tu peux frotter aussi brutalement que tu le veux, rien ne pourra jamais effacer les pêchés marqués au fer rouge sur ta peau. Des tatouages indélébiles, qui ne font pas ta fierté, mais qui font de toi qui tu es. Une sombre histoire écrite à l'encre noire, ancrée dans le grand livre de la destinée que tu as toi même rédigé. Des hommes et des femmes tombent des pages de ton livre, s'écrasent négligemment à tes pieds. Mais le bruit de leur chute ne te fait pas sourciller. Ce frottement, ce n'est pas le reflet de la culpabilité, c'est une simple envie d'être le plus propre possible pour les enchères de ce soir, soucieux de l'image que tu vas renvoyer auprès de la gente féminine. Pourquoi laver des actes dont tu n'as pas réellement conscience ? Le bien, le mal, qu'importe. Chez toi ce ne sont pas deux entités différentes. Seule existe ta satisfaction personnelle. Tu coupes l'eau et fini par sortir de ta douche, enfilant seulement un boxer pour couvrir ton corps dénudé et encore humide. Tu t'attendais à te retrouver face à un invité après avoir entendu quelqu'un entrer sans gêne dans ton appartement, mais tu ne t'imaginais pas qu'il puisse s'agir d'elle. Caprice, cigarette aux coins des lèvres, le regard vagabond sur ta plastique qui n'a plus aucun secret pour elle. Tu lui souris, bien que le cœur n'y soit pas réellement. Ton cœur, tu sais plus où tu l'as laissé trainer. Il s'est barré, il s'est fait la malle, le jour où elle a tiré un trait sur votre histoire. Peut-être le retrouveras-tu un jour, égaré quelqu'un part au coin d'une ruelle nauséabonde, à faire les poubelles pour gratter quelques battements, à l'agonie, mais une situation plus enviable que celle de la place vacante dans ta poitrine. Où il ne fait plus bon vivre. Depuis qu'elle est partie en prenant ton bonheur en otage. Son ton est inquisiteur, tu entends son agacement dans sa façon de s'exprimer. Mais qui es-tu pour la blâmer ? Si elle se rend à cette soirée, tu prédis déjà la suite des événements. Tu seras le premier à maudire l'homme sur lequel elle enchérira. Puisque ce que ce ne sera pas toi. Ça ne pourra plus jamais être toi. Le jeu a pris fin en même temps que votre couple, et c'est impuissant, que tu la laisses s'envoler vers d'autres bras. Il te manque horriblement le temps où ces enchères n'étaient qu'un moyen de vous atteindre. Où vous finissiez forcément par vous trouver, coûte que coûte, sans jamais personne pour vous en empêcher. Aujourd'hui, tu rames à contre sens. Et t'as beau lui courir après, le courant est un traitre qui ne te laissera jamais la rattraper. « Tu sais bien que j'y participe tous les ans. » Lancinante douleur qui bloque ta respiration, coup de poing dans l'estomac, c'est la réalité qui vient de te revenir en pleine face, elle te nargue, elle se moque de toi, te pointe du doigt. Pauvre idiot, d'avoir cru pouvoir y échapper, de t'être planqué derrière le rassurant déni. Tu n'y participes pas pour la charité, cette blague hypocrite de la haute société, qui prétend donner son argent pour la bonne cause, alors qu'il s'agit seulement simplement d'un divertissement. Toi, c'était ni de la charité, ni du divertissement. C'était Caprice. Rien qu'elle. Et ce soir, c'est toujours le cas. Amère espoir de la voir perpétuer la tradition, malgré tout ce qui vous sépare désormais. Espoir qu'elle piétinera. Captif de ta propre naïveté. Tu fronces les sourcils, parcoure la pièce du regard à la cherche d'un ajout, d'un retrait, une quelconque différence depuis sa précédente visite. Mais rien. Presque rien. « Non, j'ai rien changé. C'est juste un peu plus … vide. » Tu hausses les épaules comme si ce n'était pas si important. Comme si tu l'avais à peine remarqué. Cette pièce est étouffante, piégé dans ta propre chambre à coucher, ton seul échappatoire, c'est cette commode. Alors tu t'y diriges d'un pas pressant pour y extirper un pantalon que tu enfiles rapidement. La boucle de ta ceinture vient briser le silence qui s'est installé. Tu évites de la regarder, de regarder le lit, de jeter un œil sur ce passé trop présent, ces souvenirs qui surgissent comme des pop up, intrusifs. Ce vide qu'elle a laissé. Place vacante à tes côtés. Draps froids malgré la présence chaude d'autres femmes. L'odeur de la cigarette te ramène encore plus violemment vers ces fantômes du passé qui t'agrippe fermement. Ils se trainent par terre, enserrent tes chevilles comme les monstres qu'on redoute quand on est gamin, toujours planqués sous le lit et qui attendent dans l'ombre de pouvoir s'emparer de vous. Ton fantôme, c'est cette cigarette. Toujours cette clope après l'amour. Ce soir, la nicotine te donne mal au crâne. Et si ces cigarettes light t'ont toujours amusé, n'y voyant pas plus d’intérêt que dans un soda allégé, elles ne sont plus qu'un fossé de plus, un pont brisé. « Et toi ? Tu comptes y aller ? » Question rhétorique, réponse évidente. Evidemment, qu'elle va y aller. C'est une trop belle occasion qu'elle ne pourra jamais refuser, celle de te voir vaciller. Lire la jalousie ardente dans ton regard, provoquée par ses propres écarts. Se faire la guerre alors que tu aimerais faire l'amour. Faire l'amour plutôt que d'aller à la guerre. Mais c'est pas toi qui mise, c'est elle. « Pour qui tu t'es apprêtée ? » Tes pas te rapprochent à nouveau d'elle, torturé par ton propre manque de nicotine. Tu attrapes sa cigarette déjà bien consumée, les cendres à deux doigts de tomber, et tu la portes à tes lèvres. Ce rouge qu'elle a laissé sur le papier, tu le recouvres de ta propre bouche. A défaut de pouvoir t'emparer de la sienne.
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Caprice M. Calciare

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Caprice M. Calciare
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Mer 10 Aoû - 22:02

❝ And you are folded on the bed where I rest my head
There's nothing I can see, darkness becomes me ❞
Silas & CapriceL'homme est derrière.
Derrière une nonchalance factice.
Derrière un sourire.
Derrière un air qu'il sifflote.
Derrière les mensonges qu'il engloutit d'un trait.
Tu te fais rapace dévorant ces artifices, profitant du spectacle que ta venue provoque, jouant de tes ongles sur la commode sonore. Tu tapotes t’impatientant de réponses qui ne te satisfont guère, te faufilant dans ta pochette tu en retires le programme des enchères, blabla mondain qui te fait lever les yeux au ciel tandis que tu parcours rapidement le nom des participants. Celui de ton jumeau toujours inscrit malgré tes efforts pour le retirer des lots, premier froncement de sourcils. Celui de ton père, puis de ton oncle qui s’amusent à jouer les gentlemans de soirée, pure mascarade qui provoque un deuxième haussement de sourcils. Celui de ton ex-amant décorant une liste de pantins endimanchés, divertissements à peine acceptables le temps d’une soirée, troisième froncement de sourcils. Trop de contrariétés pour une même soirée. « Je le sais en effet. » par ces simples mots que tu prononces de tes lèvres pincées sans lui accorder le moindre regard tu soulignes ce qui t’étais apparu comme une évidence, évidence qu’il n’oserait pas participer à cette soirée sans ta silhouette à son bras. Tu t’es fourvoyée et tu en es à peine étonnée, tu sais pourtant aussi que ce n’est pas contre mais pour toi. Perche tendue désespérément dans l’espoir que tu la rattrapes, ton envie de répondre à son souhait se défile devant la rage qui t’habites soudainement, tu n’es pas de celle à apaiser les esprits mais à tourmenter et punir les offenses. Tu ne manques jamais de ressources quand il s’agit de faire payer l’affront, si tu n’avais nullement l’intention d’enchérir ce soir son entrée en scène marque un rebondissement non moins prévisible, tu dépenseras sans compter pour lui prouver que tu détiens encore la main. Ta pupille se perd dans le passé figé du lieu, tout est différent, tout est plus vide, vide d’instants que tu vous as volé. Tu gardes le silence brisé par cette braguette qu’il remonte à mesure que tes yeux font le trajet inverse, tu restes statique, immobile telle une statue grecque qui ferait partie du décor, tu habites cette chambre, succube d’un autre temps. Vous avez beau ne pas parler, il se passe toutes ces choses entre vous. Le silence devient de plus en plus dense et vous pouvez presque entendre vos confidences. Comme ça, l'air de rien. La buée s’entremêle à la fumée de nicotine et pèse aussi lourd que vos non-dits, ses cheveux encore humides gouttant sur le parquet, seul son qui résonne accompagnant vos respirations complices. Si tu n'étais pas bien polie, bien éduquée par des années de « ça ne se fait pas, ce n’est pas correct », tu te précipiterais contre lui. En lui mangeant la bouche, les dents, le nez, les joues, en fouillant dans son cou, dans ses oreilles, te repaissant de cette évidence : c'est lui. Mais quelle folie. Tu n’es point bien éduquée, bien polie, la seule raison qui te cloue à cette commode est la furie sourde qui gronde en toi, celle qui te hurle que tu es n’es pas la fautive. Tu as porté le coup mais c’est bien lui qui t’a mis la faux entre les mains. Tu ne lui fais pas confiance. A Lui. L’Escroc. Tu t’es laissée abuser et tu sais maintenant, tu te rappelles la bonne vieille loi du troc. Donnant-donnant, l’homme est un commerçant pour l’homme. On est soi-même son pire ennemi pour se troubler la vue, et tu sais à présent que tu as tout donné et qu’il t’a tout volé. Tu la connais par coeur ta colère. C'est toujours la même. Inépuisable, au goût infect. T'as beau la vidanger après chaque collision entre vous, elle ne s'épuise pas. Au contraire. Gonflé d’audace il ne lâche rien, s’avance dangereusement réduisant la distance entre vos corps, alourdissant toujours plus cette tension qui grimpe et vous flanque des frissons sous l’échine paradoxe d’une chaleur étouffante qui envahit l’espace. Il attrape ta cigarette, tu resserres ta poigne sur ton carton d’invitation, la cendre vient s’échouer sur ta peau immaculée, tu ressens à peine la brûlure ton corps soumis à des picotements plus tortueux encore. Tu joues constamment. Tes jeux à toi sont vicieux et tordus, malsains. Plus ils mettent mal à l'aise autrui plus tu t'amuses, t'aimes cette lueur dans son regard, celle qui te montre à quel point ta présence le perturbe. « Ça dépend... » Sifflotes-tu un rictus insolent au coin de la bouche, toujours fixée sur le programme que tu dépiautes, arrachant les feuilles une par une entre tes doigts graciles. Tu les dépouilles de leur chair, arraches leur enveloppe pour ne laisser que le squelette. T'aimerais pouvoir faire cela aussi aisément avec les gens, retirer leurs couches superflues pour ne garder que l'essentiel. Y voir la vérité. Ça dépend. Mais de quoi ? De lui. A quel jeu veut-il jouer ? Tu es d'humeur mesquine ce soir, il est ta victime de nuit, ta poupée de chair et de sang. Si seulement tu pouvais lui accrocher des fils comme une marionnette pour le faire bouger au grès de tes envies. Lui qui se fait toujours un plaisir de collectionner les pantins, entre vous ça n’a jamais été aussi simple. Aujourd’hui peut-être bien que tu le regrettes balançant les confettis par-dessus ton épaule. Tu n’as besoin d’aucune excuse pour t’apprêter, tu le fais moins pour le besoin de plaire que pour le plaisir d’éclipser les autres femmes. Lentement tu te redresses, te détachant de la commode pour venir à sa hauteur, te collant plus à lui que nécessaire, nul espoir de récupérer ta cancerette déjà consommée, tu effleures ses lèvres pour y trouver un souffle de nicotine tout en murmurant une réponse des plus désagréable « Tu connais mes goûts: un peu comme toi, quoi, grand, brun, flegmatique, et qui m'en fasse voir de toutes les couleurs. Un avec qui faire la guerre. Et la paix. La guerre. Et encore la paix. Un qui ne se rende jamais... » C'est ça alors ? S'assurer que l'autre vous aime pour de bon en le maltraitant. En le saignant à blanc. Tes lèvres à quelques centimètres d’embraser les siennes tu te défiles avant que les flammes ne s’animent, le contournant pour te diriger vers le miroir, tu y contemples froidement ton allure dans une robe bien trop flamboyante pour l’âme qu’elle renferme « Ou alors est-ce pour toi ? Cette robe ne te rappelle rien...» l’observant à travers la glace tu lui offres là le abject des visages, voix tranchante et regard assassin, tu tentes de récupérer tes marques, l'énerver pour le faire craquer, le remettre dans son costume bien taillé de l’ex-amour détesté, surtout ne pas en laisser en sortir. S'il ne reprend pas son rôle tu ne pourras pas jouer correctement le tien. Pourquoi es-tu venue ? Pourquoi es-tu là à chercher à dire ou à comprendre ? Tu ne sais même plus, ou peut-être ne l'as-tu jamais su. Pourquoi tu reviens toujours toquer à sa porte. Longtemps t'as cru que c'était pour du réconfort charnel. De l'amour liquide, distillé en parcelles de jalousie. Camouflé sous des paroles acerbes et des discours vides de sens. Là-bas, y'a quelques années, t'as aimé croire que c'était pour signifier quelque chose. Quelque chose de vrai, quelque chose d'unique. Tu t'étais trompée, une fois encore. Une fois de plus. La fois de trop ? Ce soir t'as caressé la douce rêverie que c'était pour y mettre un terme, fagoter ta détresse dans manteau de courage, la déguiser en fin précipitée, déterminée. Amas de bêtises, montagne d'illusions. T'es là et tu ne sais pas pourquoi. Tu ne veux pas avoir à définir, c'est pas difficile pourtant. C'est pas difficile de le regarder dans les yeux et omettre de dire la seule chose que tu meurs d'envie de lui dire. C'est pas difficile de le repousser inlassablement pour mieux le retrouver. C'est insupportable. Ses mots te parviennent en différé. Tu vois à ses yeux surpris, hargneux, que tu as gagné. Gagné ? Mais gagné quoi ? Un jour, dans ce lit, t'as senti ton corps se décoller du sol, se mouler à ses mains puissantes qui s'adoucissaient pour ta peau, ses lèvres pour les tiennes, ses yeux cherchant tes yeux. Pour le prix d'un baiser. Tu l'as senti. Mais le reste. Tu ne le comprends pas. T'as n'as rien gagné. Vous n'avez rien gagné. Ni lui. Ni toi. Retour à la case départ. Vos bouches resteront scellées, c'est une fatalité que tu as depuis trop longtemps accepté. Tu gagnes des moments éphémères, des instants cachés, niés, des affrontements qui ne mènent nulle part. Alors ce qu'il peut dire, ce que tu peux dire, ça n'a pas d'importance. Il l'affirme. Tu l'approuves. Vous brassez de l'air, vous battez pour un combat perdu d'avance. Perdu il y a très longtemps déjà. « Finalement.. peut-être que le rouge n’est pas ta couleur. » haussement d’épaules qui se veut anodin. Bien sur que le rouge est votre couleur, pas besoin de lavage quand on ne vous voit pas saigner.




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Silas Ebenus

Silas Ebenus
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DEBUT DE TON ODYSSEE : 19/04/2016
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Ven 12 Aoû - 13:43
Qu'est-ce qu'elle est belle, ton ex-amante, ton présent amour. Avec cette nonchalance détestable, ce regard brillant de mesquinerie, celui qu'arborent les femmes contrariées, déçues ne pas voir leurs exigences se dérouler comme elles l'espéraient. Qu'il est dangereux de contrarier une femme, surtout Caprice Calciare. Parce que qu'est-ce qu'elle peut être cruelle aussi, la femme de ta vie. Sa pose lascive hérisse les poils de ta peau dans une vague de désir incontrôlable. Elle est si près de toi et pourtant si loin. Il te suffirait de franchir les quelques mètres qui vous sépare pour l'enserrer, emprise passionnelle d'une frustration qui supplie d'être assouvie. Mais tu n'en plus le droit. L'envie demeure, à son paroxysme, alimenté par une notion d'interdit à double tranchant. Tu la veux encore plus aujourd'hui, maintenant que tu n'es plus autorisé à y goûter. Tu ne bouges plus, tires sur la cigarette avec la naïve impression que la nicotine apaise un peu tes maux, anesthésie ta douleur. Vous êtes comme ces tableaux que tu reproduis. Image du passé qui fut un temps bien réelle, mais qui n'est désormais qu'un fantôme de couleurs et de souvenirs. Une facticité qui tromperait n'importe qui tomberait sur vous dans cette chambre. Ils verraient en vous deux êtres amoureux après l'amour. Ou bien deux amants passagers qui rechignent à se quitter. Mais il n'en est rien. Vous n'êtes plus rien de tout ça. Et blessé par tes propres souvenirs, tu jettes un seau de peinture fraiche sur votre fresque. Pour ne plus voir. Pour ne plus souffrir. La dangereuse tentation quitte ta commode pour se rapprocher de ton corps dénudé, déjà prêt pour quelque chose qui n'arrivera jamais. Elle sait tout aussi bien que toi qu'une seule étincelle provoquerait un brasier irréfrénable. Et elle ne se risquera pas à l'allumer. Ça reviendrait à ne plus jouer. Voir, à perdre. Ses lèvres se contentent de frôler doucement les tiennes, son souffle se repend le long de ta peau, et toi, tu te fais violence pour ne pas saisir ses hanches. Pour ne pas l'amener à toi. Pour ne pas t'emparer de sa bouche qui joue vicieusement avec la tienne. Tu l'as bien cherché. Sans doute as-tu trop montré ta fébrilité. Situation traitre que de sortir de la douche et de se retrouver face à la femme que l'on désire. Un lit à disposition, mais inatteignable. Ton supplice de Tantale. Une faiblesse, une brèche, dans laquelle elle s'est engouffrée sans hésiter. C'est toi qu'elle aguiche, mais c'est d'un autre qu'elle parle. Une mesquinerie qui fait naitre une boule au creux de ton ventre, nourrie par ta jalousie viscérale. L'idée de la partager t'est insupportable. Et pour appuyer encore plus sauvagement là où la douleur est déjà lancinante, elle s'éloigne subitement de toi, te délaissant pour le miroir qui l'aidera à parfaire son allure pour celui sur qui elle jettera son dévolu. Ton regard la dévore, à défaut de ne pouvoir laisser vagabonder tes lèvres sur sa plastique que tu as appris à connaître dans le moindre détail. Chaque grain de beauté, chaque tâche de rousseur, son corps n'a plus aucun secret pour toi. Et toi qui est souvent d'humeur lasse, tu es condamné à ne jamais cessé de la vouloir contre toi. « Bien sûr que je me souviens de cette robe. C'est celle que tu portais quand tu m'as annoncé tes fiançailles avec Théophane. » Voix cassante. Ton agressif. Plaie encore ouverte. Béante. Sanguinolente. Ton sang goutte sur le parquet. Plusieurs mois se sont déjà écoulés, mais la douleur du souvenir ne s'est pas atténuée. Tu la revois, plantée devant toi, rayonnante, heureuse de te revoir. La bague dans ta poche, embrasant à la fois ton sang froid et ton excitation. Tout était sensé se dérouler selon tes plans. Tout se déroule toujours selon tes plans. Mais ce jour là, c'est à un autre qu'elle a offert sa main. À un autre qu'elle s'est promise. Crac. Son désagréable d'un cœur qui se brise sous l'assaut brutal de l'être aimé. Des milliers de morceaux que tu n'as pas encore complètement ramassés. Tu te rapproches à ton tour, te glissant derrière son dos, de sorte à vous faire apparaître tous les deux dans le miroir. Tu l'observes à travers son reflet dans la glace. Ton bassin se colle doucement au sien. Tu sens son parfum. Le tissu de sa robe effleure quelques parcelles de ta peau. Tu ne fléchis pas. Tu ne la laisses pas prendre le dessus. Aujourd'hui, t'as envie de te battre et de lui renvoyer la balle. Parce que tu sais qu'elle crève d'une étreinte tout autant que toi. Alors tu te presses contre elle, tes mains encore chaudes de la douche se posent sur ses jambes, tout en remontant lentement les pans de sa robe écarlate. « Mais c'est aussi la robe que je t'ai offerte pour nos deux ans. » C'est à ce souvenir là que tu préfères te raccrocher, pas à celui qu'elle te suggère de retenir pour effacer le second. Tes mains glissent le long de ses cuisses, découvrant chaque fois un peu plus le bas de son corps. « Avec le porte-jarretelles qui va avec ... » Doigts vagabonds qui laissent des sillons de chaleur le long de sa peau. Qui montent. Encore. Ils escaladent jusqu'en haut de ses cuisses, sensuellement, cassant le rythme régulier de ta respiration. Souffle saccadé. Expiration difficile. Tu inhales son odeur pour ensuite peiner à t'en détacher. « … Que tu ne portes pas ce soir. » Approche masquée par un faux besoin de vérifier ce qui se cachait en-dessous de cette robe. Cette foutue robe devenue un moyen de communication entre vous. Parce que vous n'êtes plus capable de vous exprimer. Vous ne dites plus les choses clairement, vous les laissez deviner. Et ce que tu devines, ce n'est pas forcément qu'elle relate. Des non-dits. Des silences qui en disent plus que ces attaques puériles mais tellement dignes de vous. De votre instabilité. Deux éclopés. Deux boiteux. Ton espoir anéanti par un constat décevant. Elle ne porte pas le porte-jarretelles. Le sien, le tien, le votre. Tu le savais. Tu l'as vu du premier coup d'oeil. Tu t'es blessé toi-même. Écorché par la lame que tu as brandie. Cette robe, elle ne t'est pas destinée. « Le rouge c'est notre couleur. Mais cette nuit encore tu vas t'évertuer à la peindre sur un autre.  » Il n'y a plus de limite dans vos querelles, toutes les armes sont autorisées, y compris une simple robe. Un détail anodin pour n'importe quel homme qui sera présent aux enchères, qui ne verra que sa beauté pulpeuse, mais qui pour toi signifie bien plus. Un amour bafoué. Répétition d'un acte. Rideau. Theophane, ou peu importe le prénom de celui qui repartira à son bras ce soir, il ne s'agira pas de toi. C'est ça façon de te le faire comprendre. Tu laisses retomber tes bras le long de ton corps, rompant le contact physique, mais demeurant derrière elle. Tu ne t'avoues toujours pas vaincu. Jamais. Celui qui ne se rend jamais, c'est toi. Grand, brun, flegmatique. Tu rapproches tes lèvres du creux de son oreille pour y souffler quelques mots : « Qui ne la portera jamais aussi bien que moi ... » Parce que elle et toi, c'est une boucle sans fin. Une barque qui lutte à contre courant, qui sera toujours, quoi qu'il advienne, ramenée vers le passé. Votre passé. Ou bien est-ce votre présent ?  Tu ne sais plus. Bien trop occupé à caresser le long de son cou de tes lèvres, chastement, sans y déposer de baisers. Comme un adieu. Ou un appel au secours. Qu'elle t'aime, qu'elle te déteste, qu'importe. Du moment qu'elle t'étreint. 


Dernière édition par Silas Ebenus le Ven 2 Sep - 21:18, édité 1 fois
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Caprice M. Calciare

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Caprice M. Calciare
SEDUCE AND DESTROY
DEBUT DE TON ODYSSEE : 14/04/2016
PARCHEMINS : 1288
INCARNATION : Sandrah Hellberg
SEDUCE AND DESTROY
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Mar 16 Aoû - 18:56

❝ And you are folded on the bed where I rest my head
There's nothing I can see, darkness becomes me ❞
Silas & CapriceCe n’est pas nécessaire. Tirer sur la corde. Raviver la douleur. Rappeler ses souvenirs d’une trahison par encore dirigée, trahison noyée dans une multitude d’autres assauts des plus fourbes pour meurtrir le palpitant. Ce n’est pas nécessaire mais depuis quand te plies-tu aux besoins autres que les tiens ? Tu l’entends, tu le vois, que tu as frappé juste, juste où il faut, un peu trop fort un peu trop tôt. Il meurt d'envie que tu le laisse en paix, mais c'est cette paix que tu lui refuses, tu lui interdis toute forme de bonheur ou d'apaisement, ses moindres moments de sursis sont pour toi comme du sel sur des plaies ouvertes. Pourtant tu as ce que tu désirais tant, cet homme qui n'est plus que l'ombre de lui-même, qui s'oublie, se transforme, façonné par les démons de sa vie, tu en fais partie assurément. Tu as ce que tu voulais oui, tu peux constater jour après jour combien son visage se creuse, ses traits se durcissent, son sourire s'efface, sous tes coups, tes manipulations, tes intentions plus tranchantes que des lames de rasoirs. Mais il résiste, se débat. Tu peux percevoir cet espoir, cette joie nouvelle qui luit encore quelque part et ne vient pas de toi. Tu ne parviens pas encore à mettre le doigt dessus mais c'est juste là, ça te nargue, ça t'oppresse, c'est une morsure inattendue qui te marque malgré elle. Il essaye de la dissimuler, de la cacher, la préserver de tes doigts destructeurs, tu la saisirais et la briserais en deux comme tout ce qu'il a un tant soit peu aimé depuis qu’il te connait. Il se rapproche et tes yeux le suivent à la trace, ils exigent une réponse, un semblant d'attention, ils brûlent sa peau en réclamant un retour car tu sais pertinemment qu'il s'efforce de les fuir. Plus il s'obstine, plus tu t'efforces de renforcer leur emprise. Son regard finit par croiser le tien une fraction de seconde, si rapidement que tu as à peine pu te délecter de sa détresse. Il se dérobe et cela ne fait qu'accentuer ton irritation, étrangement celle-ci se traduit par un rictus ironique qui se dessine au coin de tes lèvres. Toi non plus. Tu n'arrives plus à sourire. Et puis la voix cassante se fait murmure, il vient se mouler contre toi d'un geste furtif pour éteindre la colère qui bout en lui. Encore. Encore des reproches. Tu l'écoutes et tout ton corps est tendu vers lui, pas pour le posséder mais pour apprendre. Tu le croyais statue de glace et voilà qu’il fond sous tes yeux... Encore des mots d'amour et de colère ! Malgré ton silence ses doigts effleurant tes cuisses te font l'effet d'un choc électrique qui file le long de ta colonne vertébrale. Parce qu'il ne te touche plus. Jamais. Comme si t'étais un déchet radioactif qui risquerait de le contaminer au moindre contact. Comme si la caresse seule devenait brûlante, pénible, atroce. Ton souffle se coupe instinctivement, refus catégorique de mêler tes soupirs aux siens, ses cheveux mal essorés gouttent sur ton épiderme réchauffé de sa proximité dérangeante, ta peau répond à la sienne dans un besoin viscérale d’être touchée. Et il te touche, un contact trop présent dans une atmosphère trop indécente, tes yeux suivent le parcours de ses mains qui reviennent en territoire conquis il y a trop longtemps déjà. S’il respire trop fort près à exploser contre ton bassin tu suffoques sur place. Vous ne choisissez pas. Ce serait trop facile ! Le désir n'est pas un serviteur que tu peux commander, les pieds en éventail, armée d'une baguette. Ce n'est pas un contrat le désir. On n'échange rien dans l'étreinte voluptueuse, on repart en arrière toujours, toujours. Tu repars si loin que tu manques de céder du terrain, un corps endolori qui se remet en éveil et se rendort aussitôt ses doigts reculés. Il ne te quitte pas pour autant, demeurant si près de toi, si près que les émois qu’il a provoqué habitent encore le haut de tes cuisses, étreinte-fantôme qui t’oblige à te crisper telle une poupée de verre, le moindre mouvement de sa part pourrait provoquer des milliers de brisements à vous écorcher vifs. Il a raison. Il est le seul qui s’accorde si bien à ta couleur, à en comprendre toutes les nuances et les pigments, mêler sa teinte à la tienne pour un dégradé de sentiments contradictoires. Quand est-ce que commence le désamour ? Et de toute manière, dans quel intérêt sourd t’efforcerais-tu de trouver une autre couleur. « Tu es stupide. » finis-tu par trancher en faisant volte-face pour affronter ses iris accusatrices, l’empêcher de promener si pudiquement ses lèvres sur ta nuque. Tout est un souci de dosage, avec vous le plus anodin des gestes devient si aisément le plus lubrique des appels, il suffit de lire le sous-texte dans vos yeux. « Je ne pourrai plus avoir d'amour après toi. » lui confie-tu dans la nuit, tes doigts agités s’amusant avec les mèches rebelles de sa tignasse ébène « Parce que je n'aurai plus rien à dire de neuf à un autre. Et je n'ai pas envie de me répéter. » Est-ce aussi simple ? C’est en tout cas ce que tu suggères, haussant les épaules à la manière d’une évidence ridicule. N’importe qui y verrait une perche tendue vers votre ancienne histoire. Pas pour toi. Pas avec toi. Ce n’est pas un retour vers vous, c’est une simple certitude. Des amants d'accord, de l'amour pas d'accord, et c'est en prenant beaucoup d'amants qu'on évite l'amour. C'est ta théorie. Si tu enchéris ce soir ce n’est pas pour le remplacer, c’est fini personne d’autre ne pourra prendre sa place. Tu as donné dans le couple, ça n’a pas fonctionné, à quoi bon t’obstiner dans les faux-semblants, les normes ne sont pas pour toi. Il est vrai qu'il aurait été plus épanoui avec n'importe quelle autre. Le Ciel et l'Enfer, c'est sur terre que vous les vivez. Parce que vous avez une conscience. Et que la conscience fabrique du remords et que le remords empêche de vivre. Tu récoltes ce que tu as semé de ton vivant. Tu paies sur terre, un point, c'est tout. Lui aussi. S'il a été un jour un bref aperçu de ton Paradis, tu es aujourd'hui son Enfer. « Qui sait… tu auras peut-être la main heureuse ce soir. » Siffles-tu mi- amusée, mi- médisante comme si c'était la plus grosse blague de la journée. Pas que tu ne comprennes pas pour quelles raisons des femmes lorgneraient sur ton ex-amant mais tu trouves tout ceci d’un cliché peu divertissant. Toujours la même histoire de l'idiote qui veut ce qu'elle ne peut avoir. « Ça te ferait pas de mal de te changer les idées, tu travailles trop en ce moment... » Tu sais pas trop si tu parles sérieusement, ça en a tout l'air en tout cas, le regard voguant de ses yeux à sa bouche, rictus espiègle  feintant les intentions acerbes mais camouflant le désappointement. Tu parades reine de la désinvolture chassant de tes pensées l'ombre de la soirée. Tu refuses de l'admettre. Tu ne l'admets pas. Devoir résister aux larmes faciles, au plaisir sournois de la mélancolie, à la volupté des retours, à l'émotion d'être aimée. A la facilité. L'hypocrisie reprend ses droits, chuchotant à ton oreille son impiété, tu profanes ta divine colère à trop bien jouer ce rôle, te laissant attendrir par des intonations de voix, un regard nostalgique, un coup de poing se déguisant caresse sur ta jambe. Sans plus attendre tu te mets au défi. Proclamer haut et fort que le passé est passé, que le spectacle n'a pas de fond de vérité. Tu t'éloignes du miroir, l'entraînant près du mur, tenant ses épaules à bout de bras, une distance calculé. Réglementaire. Tu le places devant toi comme une poupée de chiffon, respecter son marquage, ne pas avancer trop près sans ton signal d'approbation. Il te dévisage sans comprendre. Toi moi-même tu sens bien que tu ne tiens pas l'idée du siècle mais tu t'entêtes pour te donner raison. « Bon. Tu te décides à m’embrasser. » Ça sonne comme un ordre à l'intonation hésitante. Tu te sens obligée d'éclairer sa lanterne semblant encore dans l'obscurité « Suffit de jouer au chat et à la souris. Cette tension est malsaine. Je t’accorde une trêve, embrasse-moi qu’on en finisse et qu’on puisse tranquillement reprendre notre récente amitié. » Pour toi ou pour lui ? Qui fatigue le plus ? Qui se perd le plus ? Tu ne veux pas avoir à répondre à cette question. Vingt-ans. C'est long. Tourments semés au grès des années, cynisme qui effrite ce qui reste inavoué. C'est tout remettre en perspective, ton incompétence à réconcilier tes mondes, et laisser sur le côté ta haine ineffable, un temps du moins. Trop peu. Ou trop longtemps. Tu ne t'interroges pas, tu cherches à vous prouver quelque chose. « Je ne vais pas te mordre tu sais. Quoi que.. » Le regard provocateur, un demi-sourire de mante religieuse sur le visage, tu l'accules contre la paroi glacée. Tu fais même pas attention à l'ampoule qui clignote. Elle s'éteint. Comme si toute la tension dans l'air faisait péter les néons. Tu fais un pas de plus, le forçant à reculer. T'aimerais presque qu'il renonce, te tourne le dos en prétextant que le jeu n'en vaut pas la chandelle. Vous ne jouez pas avec des chandelles, te mettre une bougie dans les mains c'est prendre le risque de te voir tout cramer sur ton passage. Y'a le décompte dans ta tête. Cinq. Une horloge-raison qui te laisse la possibilité de te rétracter. Reprendre ce que tu lui offres tout en lui ayant refusé depuis des mois. Quatre. La balance dans ta tête penche un coup sur le oui, un coup sur le non. Trois. Se leurrer en pensant qu'on peut faire machine arrière.




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Silas Ebenus

Silas Ebenus
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DEBUT DE TON ODYSSEE : 19/04/2016
PARCHEMINS : 1980
INCARNATION : Matthew Daddario
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Ven 19 Aoû - 14:14
Deux aimants. Vous êtes deux aimants, irrésistiblement attirés l'un par l'autre, un instinct naturel agaçant qui vous mène tout droit dans ce genre de situations délicates. Tu ne sais même plus ce qu'elle est venue faire ici. Que fait-elle là ? Que cherche t-elle ? Les enchères ne sont qu'un prétexte pour dissimuler une vérité beaucoup moins avouable. Qu'il est facile de cracher sa colère. De provoquer. Tester. Faire mal. D'appuyer sur une plaie déjà béante. Mais il est bien plus difficile d'avouer l'attrait, le besoin, l'envie. Besoin de se voir, de se sentir, de se regarder, qu'importe ce qui pourrait sortir de vos bouches ou de que vous lirez dans vos regards. Vous en avez besoin. Terriblement besoin. Une aiguille que vous vous plantez sauvagement dans le bras, un shoot d'endorphines pour retrouver un semblant de plénitude, comme deux camés en manque de bonheur. La sensation est brève, éphémère, mais qu'est-ce qu'elle fait du bien. Tu planes, encore galvanisé par la sensation de tes doigts contre sa peau que tu as sentie se réchauffer à ton contact. Elle a commencé, elle a déclenché un engrenage que t'es pas capable d'arrêter. Des mois que votre proximité était entièrement contrôlée, tout méritait réflexion pour éviter de succomber. Il a suffit d'un simple frôlement pour que tout s'écroule. Pour que le désir reprenne son droit et détruise le reste dans son implosion. Kamikaze des sentiments. Qu'importe les conséquences tant qu'il est assouvi. Sentiment égoïste qui ne se soucie que de lui-même. Un peu comme toi. C'est vrai que t'es stupide. Au bout de dix ans t'es encore en train de la bouffer des yeux. Combien de coups tu t'es pris, combien de bleus. Trop idiot ou trop amoureux, quelle est la différence ? Tu fronces les sourcils, tentant de percevoir la prochaine étape de votre joute verbale. C'est à celui qui fera plier l'autre le premier. Mais il n'y aura aucun gagnant. Plus d'amour après toi. Plus d'amour après elle. C'est un peu triste, pas vrai, de se savoir condamné à finir seul ? Parce que jamais personne ne pourra remplacer celle qui est partie. Elle s'est barrée avec ton essence, t'es plus vraiment toi sans elle. La femme qu'il te fallait elle est là, à seulement quelques centimètres de toi, mais elle ne veut plus que tu sois celui pour elle, en sachant pertinemment qu'il n'y en aura pas d'autres. Vous ne partagez plus le même lit, plus les mêmes bras. Elle a retrouvé son frère, t'as retrouvé ta solitude. Tes draps sont vides, mêmes quand ils sont occupés. C'est dur parfois de rester fort et de prétendre que ses mots ne t'atteignent pas. C'est dur, la rupture. T'as l'impression que la souffrance ne disparaitra jamais. Parce qu'elle sera toujours là pour te la rappeler. Pour te dire, regarde, toi et moi c'est du passé. Une histoire clôturée. Un bouquin sans happy end qui ferait chialer les ptites pucelles du lycée. « La main heureuse ou la main miraculeuse ? » Le sous entendu est clair mais pas franchement nécessaire. Elle a déjà bien compris que ses enchères tu n'y allais pas pour passer ta soirée à regarder dans le blanc des yeux une demoiselle – ou pire un homme – pour qui tu n'éprouves pas le moindre intérêt. Le problème avec Caprice Calciare, c'est qu'elle lit en toi comme dans un lit ouvert, que votre histoire de vingt ans a forcément fait de vous deux êtres qui se connaissent par cœur. Chaque nuance. Chaque sursaut. Tu déchiffres ses actes et ses mots, elle en fait tout autant. Mais là, ce soir, c'est différent, sa faculté à percer ton âme signifie aussi toucher du doigt tes faiblesses, celles que tu t'efforces de lui cacher, d'étouffer chaque soir avec ton oreiller. Tu méprises la fragilité, cette sournoise fragilité qui transforme un géant de pierre en montagne de papier. Une fébrilité que tu sens au fond de toi, qui fait trembler tes jambes et compresse ta poitrine avec une force paradoxale. Et alors que tu chancèles, à deux doigts de tomber et de lui laisser la main, elle vient enserrer tes épaules dans un geste inespéré qui te maintient finalement sur pieds. Tu l'as échappé bel. Un peu plus et tu tombais tête la première dans une flaque d'amertume. Tu ne comprends pas ce qu'elle essaye de faire, mais tu te doutes qu'il y a une finalité déjà bien calculée. Curieux, tu la laisses te guider contre le mur, non sans une légère appréhension. L'embrasser. Tu ne masques pas ta surprise. Ni ton désir. Qu'est-ce que t'en crèves d'envie. Ton regard s'abaisse sur ses lèvres charnues et colorées, tu ne parviens plus à t'en détacher, tu te vois déjà t'en emparer pour ne plus les lâcher. Parce que c'est ta chance, ton dernier espoir, vole lui tout ce que tu peux, séquestre sa bouche et ne la laisse plus jamais gambader vers d'autres lèvres. Elles t'appartiennent. Tout chez elle t'appartient. Tu ne ferais que reprendre ton dû. Mais si un jour tu le fais, si un jour tu dois goûter à nouveau à ta plus violente addiction, ça ne sera pas au nom de l'amitié. L'amour sacrifié sur l'autel de la chasteté. Jamais. Tu redresses ton regard, retrouve ses yeux provocants. Tu peux plus reculer, dos bloqué contre la paroi, alors t'attrapes un pan de sa robe, l'enserre de toutes tes forces. Tu l'attires vers toi, l'oblige à quitter sa zone de confort et à rejoindre ton terrain miné. Avez-vous seulement été amis un jour ? Peut-être au temps de l’enfance et de l’insouciance, où l’idée même d’embrasser l’autre était répulsif, comme chez tout enfant qui découvre le rapprochement physique avec le sexe opposé. En tout cas, certainement pas lors de vos dernières ruptures. Vous n’étiez plus en couple, mais vous restiez amants. Des poings qui cognent contre une porte, un long regard échangé, des draps froissés. Retrouvailles charnelles dont vous vous contentiez quand il n’y avait plus de vous. Etre ami avec elle, c’est quoi ?  Renoncer à la toucher ? La voir avec d’autres hommes ? Et tout ça sans avoir le droit de dire quoi que ce soit. Non, hors de question. « C’est toi qui es stupide, si tu penses que t’embrasser nous fera retrouver une amitié platonique. » Tu sais qu’elle ne le pense pas, qu’elle joue, qu’elle te teste. Cependant, tu n’es pas certain de ce qu’elle espère. Que tu l’embrasses et mettent symboliquement fin à ce que vous aviez et existe encore à travers cette tension sexuelle ? Ou bien résister, donner toutes tes trippes pour ne pas céder et ainsi lui prouver que tu ne cesseras jamais de te battre pour elle ? Tu ne sais pas. Tu ne sais plus quand son parfum t’enivre. Il te fait tourner la tête et affole tes sens, si bien que toutes tes certitudes s’écroulent dans un fracas d’interrogations infinies. Tout en maintenant ton emprise, tu rapproches finalement ton visage du sien pour flirter dangereusement avec ses lèvres. Vos souffles s’entremêlent, c’est une torture que d’être si proches. Trop de mois que vous vous efforcez à garder vos distances. T’étais pas préparé à retrouver une telle proximité. As-tu seulement encore assez de force pour continuer à jouer. « Je mentirais si je prétendais ne pas avoir envie de tes lèvres. De ton corps. De toi. » Deux. Tu veux la sentir contre toi, ne faire plus qu’un avec elle, sentir sa peau, sa bouche, ses muscles qui se contractent sous tes coups, sa température grimper et l’entendre exhaler de concupiscence. Te supplier de ne plus jamais la quitter. De ne plus jamais te défaire. Tu frôles sa lippe, goûte à son parfum fruité. C’est ton âme que tu fouettes. Un. « Mais je sais aussi ce que je ne veux pas … »  Tu l’embrasses, ça oui. Mais ce n’est pas sur ses lèvres que tu t’attardes, c’est sur son front, où tu y déposes un chaste baiser avant de t’éloigner pour retrouver ta sûreté. T’as trop donné. Trop perdu. T’as besoin de répit, d’une pause pour retrouver tes esprits. Peut-être va-t-elle le percevoir comme un affront, bien qu’il s’agisse tout du contraire. Tu ne veux pas l’embrasser parce que tu ne veux pas être son ami. Tu veux son amour, entier, insatiable, sans limite. Tu n’as que faire de son amitié. Qu’elle offre à un autre. Tu as renoncé à son corps, hors de question que tu renonces à son cœur. « Je dois finir de me préparer. » Tu attrapes la chemise qui trainait sur le bord de ton lit et tu l’enfiles, recouvrant ton torse dénudé. Tu ne sais pas si tu viens de remporter une manche, mais tu ne le ressens pas comme tel. T’es frustré, abîmé d’avoir renoncé à quelque chose que tu désirais depuis des mois. Vous vous faites du mal. Quand est-ce que vous passerez à autre chose ? Pas aujourd’hui. Peut-être même jamais.  
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Lun 5 Sep - 2:31

❝ And you are folded on the bed where I rest my head
There's nothing I can see, darkness becomes me ❞
Silas & Caprice« La main heureuse ou la main miraculeuse. » Pour toute réponse tu lui adresses un sourire condescendant, camouflant la satisfaction et la moue d’un dépit certain qui t’anime tout autant. Jalouse. Voilà un concept sur lequel tu ne t'étais pas interrogée depuis un moment. Pourtant cette envie enivrante fait bien partie de la liste de tes nombreux défauts. Ce qui est à toi est à toi. Ni prêté, ni donné, ni échangé. Mais Silas n'est plus à toi. T'a t’il même appartenu un jour ? Jouet entre tes mains expertes. Fais-tu seulement semblant de protéger férocement ce qui est censé être ton unique propriété ou ressens-tu réellement le besoin de marquer ton territoire d'enfant gâtée ? Ou s'arrête la comédie, à partir de quand franchis-tu la ligne ? « Prends garde, voilà un discours qui sent fort l’amertume. » T'as beau rire pour te moquer, souligner l'absurdité de sa remarque elle a allumé des parties de ton esprit que tu préférais laissé dans l'obscurité latente. Tu refuses d'aller fouiller dans la corbeille à souvenirs. Tu repousses de toutes tes forces ce qui a été et ce qui ne sera plus. Tu le mets au défi. Surtout toi, un peu lui. Il proteste, tu insistes. Il se défile, tu provoques. Il recule, tu avances. Pousser un peu trop loin, un peu trop vite dans l'hypocrisie, croire qu'il suffit d’inviter au vice pour tout briser. Ses mains accrochent ta taille, serpentant sur le tissu qui sépare ta peau de la sienne, ton cœur-cellophane se tord, tu l'implores de ton regard azure d'y mettre fin. De te démontrer que ça n'a aucune espèce d'importance. Du vent, de l’ancien, des mensonges, de l’enterré, de l’oublié. Pour la première fois, tu comprends que l'existence n'est pas seulement cet ouvrage excitant que tu feuillettes, gourmande, l'humeur balançant au gré de tes caprices, de tes envies. Tout ce que tu fais porte à conséquence, l'infléchit... Tu ne le savais pas. En le laissant te coincer dans cette idée répugnante de « couple », te croire vendue et acquise, te faire avaler de la passion en barre malgré lui et toi, tu lui as donné l'idée de ce marché de pute. Normal. On finit toujours par ressembler à l'idée que les autres ont de nous. Si on ne fait rien pour les faire changer d'avis. T'as rien fait. Tu fais rien. Tu veux te prouver et lui démontrer que ce n'est que ça. Une transaction comme une autre. Qu'un baiser pèse à peine sur la balance, ajouté au prix de gros. Te prouver que tu pourrais l'embrasser mille fois sans rien ressentir. Prouver que c'est anodin, inutile. Insignifiant. Prouver que tu peux le balayer du revers de la main, faire un pied de nez à votre passé et dire adieux à la facilité émotionnelle. Du factice à l'état pur, brut, dont on redemande une triple-dose. De l'amour mascarade pas à crédit. T'es ailleurs, t'es nulle part, tu tournes en rond en te répétant, ce n'est pas possible, ce n'est pas possible, ce n'est pas pour de vrai. T'es absente de cet instant. Tu cherches à le rester. Mais lui ne te fait pas cette faveur. Il frôle tes lèvres de son odeur musqué, il a cette science-là qui rend toutes tes dessins bien dérisoires quand on y a goûté ne serait-ce qu’une seule fois, transforme le corps en volute pensive et l’âme en ogre débauché. Il prolonge ta vie en taquinant ta mort, conduisant d’une main de maître ton corps au bord d’un précipice qu’il te laisse goûter avant de t’y précipiter... Il te repousse te gratifiant d’un pinçon venimeux sur le front. Piqûre désagréable qui t’arrache un haussement de sourcil. Il ne baisse pas les yeux. Il ne détourne même pas. Il ferme et s'enferme. Et tu te perds. Il te rappelle qu’il doit se préparer se retournant pour enfilant sa chemise, t'es prise d'une vague intense de soulagement, de légers remous de déception. Tu ne sauras donc pas. T'en viens à te demander à partir de quel âge devient-on bonne à jeter ? Y-a-t-il une date officielle comme sur les yaourts ? Qui décide ? Le regard des autres qui vous ratatine en pomme ridée ou le désir qui se retire et sonne le clairon de la retraite ? Tu pensais pas avoir une date de péremption. Ou plutôt c'est vous, vous avez atteint la vôtre. Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. De ce que tu provoques chez lui. Tu ne te rends pas compte de la frustration, du désarroi, de l'interrogation dans son regard. Ses yeux t'ont supplié d'arrêter et c'est instinctivement que tu as répondu à sa demande. Pas pour lui. Mais pour toi. Parce que tu n'y arrives pas. Même pour le faire souffrir, pour le faire plier, rager, pour le blesser au plus profond de lui tu ne parviens pas à passer au-dessus de ton propre dégoût, pas dégoût de lui mais dégoût de toi. Tu n'es plus celle qu'il désirait. Sans te reconnaître tu ne peux pas te donner. Tu ne donnes pas, tu t'offres en pâture comme un vulgaire morceau de viande à un affamé. Mais un affamé de quoi ? De toi ? Pas de ça. Il se moque de dévorer la peau, le corps, une tension sexuelle qui existait autrefois et qui aujourd'hui est révolue. Ou pas. A quoi bon. Il est en manque de tendresse, de sentiments, de reconnaissance, simplement de sincérité. Il a faim de cœur et non de faux semblants que tu sais si aisément manier, un sans-amour-fixe qui se traîne aux pieds de celle qui le lui a arraché.

Tu mets un point d'honneur à garder un recul froid et tu sais que tu passeras le reste de la soirée à te montrer plus sèche envers lui que tu ne le devrais, tu leur en donneras aux autres des rires et des sourires, de fausses joies en fausse harmonie tu porteras admirablement bien ton masque d’amie comblée. T'es pas comblée. T'es vide. Furieuse. Hésitante. Il attache ses boutons presque soulagé de voir ce moment derrière vous. Tu ne te sens pas triomphante, juste méfiante. La langue te brûle de non-dits que tu n'avoueras pas. Tu te retires dans la salle de bain, te débarrassant du déguisement, fermant la porte tu te retrouves un peu mais l'ombre des soupçons s'accroche à ta peau, elle persiste sans scrupules. Le désir ne reste vivace que si on lui court après. Il se nourrit de distance. Il reste de marbre tandis que tu reviens et tu ne parviens pas à lui envoyer une once de soutien, d'enthousiasme, de complicité. Tu l'observes apathique de l'autre bout de la chambre, explorant ses gestes, décortiquant son comportement. Vous vous en êtes sortis. Mais comment. Ce n'est pas une victoire, c'est un abandon. Il a déclaré forfait, posant un genou à terre en attrapant ta main. Peut-être que tu l'y as encouragé. « T’as raison il ne faudrait pas que tu sois encore plus en retard.. » Plus affable que tu ne l'aurais voulu, tu marches jusqu’à sa commode ouvrant le tiroir à la volée « Peut-être celle-ci…» attrapant une cravate tu l’inspectes mais tout ce qui te saute aux yeux c’est votre gêne, votre réserve. Votre peur. La distance se réduit, encore une fois, pourtant tout s’est déjà dégonflé, tu redresses son col commençant à nouer le tissu, sentant son regard peser sur toi tu t’efforces de garder le tien sur la cravate « … Ça te rebute à ce point-là ? » Ta voix se fait gamine, fragile et incertaine tandis que tu te décides enfin à relever les yeux. Tu sais que ce n'est pas ça. Tu sais ou plutôt tu ressens. T'aimes pas ressentir mais tu creuses, tu titilles pour le forcer à baisser la garde et te laisser entrer. Silas tu peux le prendre, le comprendre, le fouiller. T'as toujours eu les armes pour le calmer et le bousculer. C'est pas toi. C'est lui qui t'a donné les clefs et s'est livré en prisonnier volontaire. Vous n'étiez que des enfants et tu voulais déjà les pleins pouvoirs. « Depuis quand est-ce devenu si compliqué de jouer ? » Tu soupires en lui faisant signe de retirer son nœud, insatisfaite de ton choix tu retournes sur tes pas pour en sélectionner une autre. Mais tes doigts rencontrent l’écrin. Et l’écrin rencontre tes pupilles qui se figent sous l’effet de la surprise. De l’incompréhension. De l’interrogation. T’as peur de l’ouvrir la boîte de Pandore qui va t’exploser entres les mains. Tu le fais. Trop vite. Avec une précipitation qui traduit une panique peu habituelle que tu parviens toujours à camoufler. L’éclat du diamant te donne un haut le cœur « C’est quoi ? » tu sais ce que c’est. Parfaitement. La question est surtout pourquoi ? L’objet minuscule pèse trop lourd dans ta paume, si lourd. L’échec conséquent sur la balance des regrets. En vérité ils ne sont pas compliqués vos jeux d'adultes. Injustes. Odieux. Éprouvants. Mais pas compliqués. C'est simple vous n'avez qu'une seule et unique règle : en amour comme à la guerre, tous les coups sont permis.






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Silas Ebenus

Silas Ebenus
divinités mineures
DEBUT DE TON ODYSSEE : 19/04/2016
PARCHEMINS : 1980
INCARNATION : Matthew Daddario
divinités mineures
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Mar 6 Sep - 1:13
De l'amertume. Il y en a toujours quand on est celui qu'on quitte. Celui à qui on claque la porte au nez. Tu peux encore voir les gouttes de ton sang jonchées sur le sol, celles qui coulaient en traitre harmonie avec ses mots assassins. A l'endroit même où elle a mis un terme à votre histoire. Dans cet appartement. Votre appartement. Aujourd'hui un assemblage de pièces sans âme. Tu n'as pas fait le choix d'être séparé d'elle. Elle l'a fait pour toi. On a pas son mot à dire, quand on est celui qu'on quitte. On se contente de regarder l'autre partir, le bras tendu, la main qui agrippe le vide, ce fourbe espoir d'avoir une incidence sur la fatalité rendue. Le plus dur, c'est que tu ne l'as pas complètement perdu. Vous continuez de vous fréquenter, de parler, de vous regarder. Elle marche toujours à tes côtés. Elle rit toujours à tes absurdités. Mais l'appartenance t'a été arrachée. Tu te réveilles seul. Quand tu rentres tu es seul. Même quand t'es avec elle, tu es seul. Depuis la nuit des temps on chante les louanges de l'amour. On écrit des livres, des milliers de pages, des litres d'encre pour vous faire croire que l'amour est le plus noble des sentiments. Et c'est vrai que c'est beau d'être amoureux. On a l'impression que rien n'est inatteignable, on émane d'une aura solaire qui irradie sournoisement ceux qui n'ont pas votre chance. Mais ce qu'on ne nous dit pas toujours, c'est que quand l'amour s'en va, il emporte tout sur son passage dans un tsunami de désespoir à faire éclater en mille morceaux chaque parcelle de votre être. Quand tu regardes Caprice, ce que tu vois ce n'est plus l'amour sensationnel et vertigineux, c'est la chute interminable d'une douleur qui ne se taira jamais. Tu n'oses pas poser ton regard sur elle après ton défilement. Pas un abandon, un sacrifice. Le tien. Encore. Au nom d'une relation qui n'existe peut être même plus. Combien de fois la séparation a ébranlé votre complicité ? Et combien de fois vous a t-elle finalement à nouveau rapproché ? Tu ne sais plus. Trop. Peut être est-ce la énième fois. Ou le point final. Il est fatiguant cet acharnement. Tu t'en retrouve toujours vidé un peu plus. Des regrets et des incertitudes qui drainent ton énergie, sans qu'il n'y ait de ravitaillement en compensation. Un jour, tu te retrouveras à genoux sans avoir la possibilité de te relever. Tu te bats. Mais se battre contre les fantômes du passé c'est un combat perdu d'avance. C'est comme fendre les airs d'une épée. L'objet est tranchant mais le geste est vain. Tout ce que tu peux faire, c'est gagner du temps. Des grains de sable qui finiront par glisser entre les brisures de votre histoire achevée. Tes doigts s'agacent sur le nœud de la première cravate que tu essayes. Droite ou gauche, tu ne sais jamais dans quel sens il faut glisser. T'as jamais été doué pour ça. C'est elle qui s'en occupait. Et il est simple aux yeux d'autrui de deviner quand votre couple éclate : tu portes des nœuds papillon. T'es proche de l’abdication – ta patience n'étant pas des plus efficace ce soir – quand elle se rapproche de toi pour te venir en aide, armée d'une seconde cravate qu'elle aimerait essayer sur toi. Tes mains lâchent prise et tombe le long de ton corps. Tu rends les armes. Tu cesses de lutter l'instant de quelques secondes où tu cherches son regard. T'aimerais qu'elle relève un peu sa tête. Pour la voir. Pas celle que tu as failli embrasser dans la salle de bain. Elle. La femme qui t'a aimé. Tu sais qu'elle est là. Que c'est elle qui noue ta cravate. T'aimerais la revoir au moins une fois. Pour essayer de te rappeler ce que ça faisait, de se sentir aimé. Et quand finalement tu trouves satisfaction, que le temps s'arrête, figé, tu secoues la tête. Pas par refus de répondre à sa question. Par supplication de mettre fin au jeu. C'est ta façon de lui demander d'arrêter. Parce que t'y arrives plus. T'as plus le goût de jouer. Pas ce soir. Pas à cette soirée qui autrefois vous appartenez. Pas quand les souvenirs s'entrechoquent avec votre triste présent. « Depuis qu'on a perdu tous les deux. » Il n'y a pas de vainqueur dans la lutte du cœur. Elle a probablement eu la courte plénitude de lire la souffrance dans tes yeux, une douce vengeance qui a caressé sa propre complaisance. Mais maintenant ? Qu'a t-elle réellement gagné ? Pas plus que toi. Tu retires la cravate tandis qu'elle part en chercher une autre. Tu ne fais pas attention. Tu ne regardes pas autour de toi. Si bien que quand elle te demande ce que c'est, tu ne saisis pas de quoi elle parle. Tes sourcils se froncent d'incompréhension avant de relever les yeux vers ce qu'elle tient entre ses mains. Et ton palpitant de se fracasser contre ton torse. La cravate de s'écraser au sol dans la négligence d'un homme qui ne soigne pas ses affaires. La bague. Comme si cette maudite soirée n'était pas déjà assez compliquée. Voilà que les fiançailles avortées rentrent dans l'équation. Tu ne sais pas quoi lui dire. Il n'y a rien à dire. « C'est mon plus cuisant échec. » Tu hausses les épaules dans une nonchalance qui s'apparente mal à la situation périlleuse dans laquelle tu t'es fourré. Tu donnes l’impression de maitriser les événements mais en vérité tu t'écroules aussi aisément qu'un château de cartes après un courant d'air. La spontanéité de ta première réaction laisse place à une lancinante désolation. Et rapidement, tu peines à déglutir. Tu sens la sueur perler sur ton front. C'est pas comme ça que tu l'imaginais découvrir le diamant. T'as jamais voulu que ça se passe comme ça. Tu cherches tes mots mais il n'y a rien qui franchit les barrières de tes lèvres scellées. T'es paralysé par sa découverte. Tu sais pas si c'est humiliant ou juste térébrant. Humiliant d'avoir été éconduit aux portes d'une demande en mariage, ou térébrant de se retrouver face à tout ce que tu aurais pu avoir et qui s'est envolé. Elle attend une réponse, mais tu n'as rien à lui donner. T'as plus rien. Tout ce qu'il te reste c'est cette bague. Seule rescapée d'un bonheur passé devenu horriblement douloureux. Tu fixes le minuscule objet, éprouvant une haine insensée envers l'écrin et ce qu'il  contient. T'as envie de hurler. De lui arracher des mains et de le balancer par la première fenêtre. Qu'un clochard s'achète cent litres de bière. Qu'un jeune fauché profite pour l'offrir à sa dulcinée. Q'importe, ça n'a plus d'importance. Puisque celle à qui elle était destinée ne la portera jamais. « Elle n'était pas censée rester au fond d'un tiroir. Tu devais la porter à ton doigt. » Elle. Cette bague c'était pour elle. Pour lui prouver à quel point tu l'aimais. La promesse que jamais tu ne désirerais une autre qu'elle. Ta voix est tremblante, instable, tu peines à masquer ce qui t'explose au visage. Une image naïve de toi dans la bijouterie du quartier. Amoureux et fougueux, qui s'imaginait n'avoir seulement qu'effleuré du doigt la félicité. Que tout restait à vivre. Tu vomis cet homme stupide qui a osé penser une seule seconde que l'amour durerait toujours. Qu'elle dirait oui. Combien de fois tu te l'es imaginé ce oui. Dans ta tête c'était jamais non. Parce qu'à l'époque c'était encore une évidence. Vous étiez supposés être fait l'un pour l'autre. Une guimauverie qui t'écoeure aujourd'hui. Un non valait mieux qu'un acte manqué. Ta chance s'est barrée. Ne reste que l'objet. Au creux de sa main. Pas à son doigt. Dans sa main. Le regard scotché sur une fenêtre du fané. Tu oses finalement te rapprocher pour plus amplement contempler ce que tu as toi même acheté, comme si tu la voyais pour la première fois. Elle est belle. Tu sais qu'elle lui plait. T'as écumé une dizaine de bijouteries, harcelé une vingtaine de bijoutiers, pour enfin trouver celle qui lui correspondrait. Une pierre aussi brute et resplendissante que celle à qui elle était destinée. « … Ça te rebute à ce point là ? » Tu souris, faiblement, essayant de te raccrocher aux branches pour freiner ta chute. S'embrasser, s'épouser, quelle différence ? L'un comme l'autre vous en êtes incapable. Vous préférez dépenser toute votre énergie à essayer de ne pas lâcher prise. Résister plutôt que de céder. Éviter les regards plutôt que de s'embrasser. Aucun de vous n'a le courage de franchir la ligne que vous avez tracé. Celle qui délimite le jeu de la sincérité.  « Je te l'ai dit, qu'on avait perdu. » Souffrir le martyr plutôt que de s'appartenir. 
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